Le carnet de l'exil de Nelly Froissard

Du sable à la mer explore la mémoire d’un jeune homme appelé à se battre. Avec le sable en dernier recours, le recueil traverse la peur, là où la poétesse provoque et interroge le paysage et pousse la poésie dans ses retranchements. Avec une question majeure : que peut-elle contre l’horreur ? Écoutons l'auteure :
J’entends les cris / Qui n’atteindront / Jamais la mer / [...] J’entends la forêt taire / Tout / Ce qu’il reste de toi.
Nelly Froissart partage ici son temps premier recueil dans lequel elle s’empare poétiquement des images pour dire la douleur, la guerre et la beauté des exils. La poésie et les émotions et sentiments trouvent là un hymen particulier et une telle imagerie qui propose gouffres et abîmes. S'y déploie une chorégraphie en plans fixes vers un espace où tout se perd mais où subsiste l’ordre d’une pure émergence au moment où le néant pourrait bien tout emporter.
Cette poésie fait éclater les cases dans lesquelles les êtres sont confinés. Existent à la fois une intériorité là où se rencontre des inconnus dans l’intimité. Mais aussi une architecture de l’espace est réagencé pour une herméneutique.
Jean-Paul Gavard-Perret
Nelly Froissart,Du sable à la mer, Les éditions sans escale, juillet 2023, 76 p.-, 12€
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