Marie Favre et les images de vie

Lyonnaise d'adoption Marie Fabre est enseignante-chercheuse, spécialiste de littérature italienne contemporaine. Son premier recueil, Love Zibaldone, a paru en 2019 aux éditions l'Arachnoïde. Elle a également publié en revues comme poète et critique entre autre dans Panthère Première dont elle a rejoint le collectif en 2018.
Dans ce nouveau livre les émotions visuelles joue à fond sur le clavier des sens :
Ah je pourrais ! vous dire comment hier s’était imposée telle lumière du couchant, tel nuage fluorescent et un visage où il se reflétait – mon visage, apparu grâce à l’immanquable lumière, et son visage à lui : la créature des draps réapparue au soleil mourant. Comment un œil amical me transperçait ou l’accent d’affection de ma mère me faisait soudain mourir d’enfance au bord du lac couleur chartreuse, mais le fait est que le réel était presque une épine, parce que la vérité était une épine dans ma marche forcée, et alors, j’aspirais la seconde et j’oubliais.
Et c'est la preuve que ce qui ne tue pas rend plus fort.
Dès lors des paysages s'ouvrent et l’attente, toute l’attente, est fléchée vers ce qui nous traverse. La poétesse demeure, immobile, sur la lisière de la page pour se haler à la recherche de l'éblouissement dans le déroulé du temps. Cela fait s'effondrer les nuages trop noirs et permet de se jeter dans leurs intervalles. L'image (accompagnée de celles de M-A Gaube) devient la forme admise de la vie. C'est là écrire avant tout, envers et contre afin de lutter contre les manques et pour l'éloge de ce qui est.
Jean-Paul Gavard-Perret
Marie Fabre, Le hobby du journal, dessins originaux de Marie-Anita Gaube, coll. Ecri(peind)re, Æncrages & Co, septembre 2023, , 80 p.-, 21€
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