"Confession d'un tueur à gages" de Ma Xiaoquan

"Quel que soit le métier, il faut avoir des principes". La confession de Chu Xiaolong commence par une morale qui semble étrange venant d'un petit malfrat devenu par la force de ses poings un malfrat un peu plus important. Jamais un vrai caïd, mais quelqu'un de respecté. Et toujours les contrats contre des personnes qui doivent "mériter" leur châtiment. Sa violence est souvent incontrôlable, par exemple quand il viole quasiment jusqu'à la mort et avec un bâton une femme adultère... Pourtant, avec sa femme, ses amis, il est d'une parfaite bonté. Sa violence est toute professionnelle... Et malgré les crimes, on ne parvient pas à le détester ; il se place au-dessus des sentiments moraux et son "professionnalisme" aussi que ses goûts esthètes (notamment culinaires) qui le font quitter son rang "naturel" en font un héros attachant.

Outre ce parcours incroyable, Confession d'un tueur à gages est aussi un portrait de la Chine, des campagnes restées traditionnelles (notamment dans le sort réservé aux femmes, bonnes à marier, à aller à la ville chercher de l'argent pour la famille) aux villes très modernes. Entre ces deux univers, un entre-monde de violence ou les règlements de compte entre bandes rivales se fait dans l'indifférence absolue.

Un polar à la fois cruel et violent dans les actes et d'une grande rigueur morale. Le hiatus est aboli par la qualité de ce polar hors normes.

Loïc Di Stefano

Ma Xiaoquan, Confession d'un tueur à gages, traduit du chinois par Marie-Claude Cantournet-Jacquet, Points, mai 2013, 192 pages, 6,30 eur
Aucun commentaire pour ce contenu.