Le tueur des tornades

La nature s'est écrasée sous la forme d'une violente tornade sur une petite bourgade perdue dans l'Oklahoma, c'est sinon la dévastation du moins un couloir entier qui a été détruit. Peu de victimes, sauf une famille écrasée sous leur maison. Ecrasée ? l'enquête va vite révélée que toute la famille a été tuée sauvagement — à coup de madriers et de piquets en bois enfoncés dans le corps, taillés sur place par un méticuleux cinglé — avant l'écroulement de la maison, c'est-à-dire pendant la tornade. Un dément rôde donc. Mais Charlie Grover, qui mène l'enquête, va apprendre que d'autres faits similaires se sont déjà passés, il doit conclure qu'un tueur en série libère ses pulsions au beau milieu des tornades, faisant coïncider sa propre violence et celle de la nature.

L'enquête commence assez molement, il faut à l'auteur quelque temps pour installer tout son petit monde et tisser les liens des uns aux autres, la police et les petits voyoux, les femmes et les amants. Mais tout est si bien monté qu'au moment de se retourner pour réfléchir sur le posible coupable — que l'on sait être dans l'entourage du policier — le potentiel est énorme et chacun devient présumé coupable. 

Un scénario millimétré, des personnages construits de l'intérieur avec leur vérité propre qui les étoffe à mesure que le rythme s'accelère et que la violence des tempêtes se déchaînent. Les blessures physiques de Charlie Grover, brûmé au troisème degré dans sa jeunesse, enfant battu, l'attirance de sa fille chérie pour un petit voyou local, la folie de chacun et les secrets d'une petite ville calme, l'assistant du sherif qui n'est pas très sain mais dispose deprotections, tout est là pour donner un cadre à la fois apparemment serrein et suffisamment lézardé pour être proche de l'implosion.

Bien plus encore, ce roman très prenant nous fait suivre la piste des chasseurs de tornade, ces scientifiques ou amateurs qui scrutent le ciel pour s'approcher au plus près de la nature déchaînée, qui se lancent dans les rodéos mécaniques à se rompre le coup pour toucher ces murs de vent, ces tours et ces montagnes de puissance brutale. Bien sûr, seul le véritable tueur  a la science absolue, le ressenti parfait de la tempête, il sait à quelques centaines de mètres où elle va tomber et c'est là qu'il décide de frapper, de procéder à son meurtre ritualisée. Mais c'est en plongeant avec lui au plus profond du tourbillon que l'on pourra à la fois le comprendre, l'admirer — et oui ! —  et atteindre au but de cette chasse : se mettre à l'épreuve de la nature. 

Un polar classique par sa forme, étonnant par son intrigue et qui va progressant dans son intérêt, sans décevoir. Du beau travail !


Loïc Di Stefano 

Alice Blanchard, Le Tueur des Tornades, Pocket, octobre 2007, 480 pages, 6,70 euros

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