"Et ils oublieront la colère", du passé impossible de faire table rase

Présence du passé

 

Eté 1944, la libération où tout n’est pas rose pour les femmes. Certaines sont poursuivies par la foule pour avoir collaboré à « l’horizontale » avec l’occupant. C’est le cas de Marianne qui court pour échapper aux villageois, qu’elle connait parfois depuis l’enfance, et éviter de se faire tondre, voire pire… Soixante-dix ans après, un homme est tué dans ce même village et une gendarme, Garance Calderon, est chargée de l’enquête. Garance va, au fur et à mesure de ses investigations, établir un lien entre le meurtre de 2015 et des évènements survenus lors de ce tragique été 1944. Le passé pourrit-il le présent ? Malgré l’oubli ?

 

Du singulier talent d’Elsa Marpeau

 

On suit ici cet auteur depuis Les yeux des morts, brillant roman noir (dont on retrouve ici un des personnages, Gabriel) au goût de folie morbide. Si elle avait confirmé avec le tortueux Black Blocks, L’Expatriée avait un peu déçu. Rien de tel ici : Et ils oublieront la colère laisse au lecteur un goût acre et poisseux. On retrouve ici plein de secrets inavoués, de corruption latente qui font le sel du roman noir. Elsa Marpeau apporte une touche très personnelle : il y a quelque chose d’onirique qui transparait lorsqu’elle choisit de raconter l’histoire du point de vue de son personnage principal (ici Garance) ; de l’onirique qui tourne progressivement au cauchemardesque…

 

Saluée par la presse comme un des nouveaux talents du roman noir français (avec Antoine Chainas), Elsa Marpeau signe ici un excellent polar, recommandé aux amateurs (et aux autres aussi, tiens).

 

Sylvain Bonnet

 

Elsa Marpeau, Et ils oublieront la colère, Gallimard Série noire, janvier 2015, 240 pages, 19,50 €

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