"Si tous les dieux nous abandonnent", sombre rhapsodie
Céline, jeune femme un peu paumée, est recueillie un soir d’hiver par le vieux Léopold près du petit village de Valmont. Il l’installe chez lui, où il vit en ermite depuis la mort de sa femme Jeanne. Céline et Léopold deviennent proches, chacun trouvant dans l’autre affection et réconfort malgré leurs blessures intimes… Lors d’une promenade, Céline est agressée par les chiens des voisins de Léopold, Maurice et Josselin. L’un des deux chiens est mortellement blessé et Maurice promet de se venger de Céline… peu de temps après, Léopold a une crise cardiaque. Mourant, il demande à Céline de l’amener à la ville voisine de Marinval. Le passé se dévoile alors peu à peu…
Un essai à confirmer
Il s’agit ici du premier roman à la série noire de Patrick Delperdange, auteur belge et francophone. On y trouve trois personnages (Léopold, Céline, Josselin), à qui l’auteur donne successivement la parole : leurs voix structurent donc le récit. Si tous les dieux nous abandonnent est un roman sur la quête d’identité, où chaque personnage est à la recherche de quelque chose. Et cache un secret. D’un point de vue stylistique, l’auteur ne manque ni d’ambition (trop peut-être ?) ni de talent et adapte son écriture à la psyché des personnages. Le parti pris peut heurter certains mais fonctionne en tout cas : le lecteur ne lâche pas le roman, qui se lit d’une traite.
De la difficulté de terminer un polar
La fin par contre pose problème : sans dévoiler les ressorts de l’histoire, on a l’impression que Patrick Delperdange a reculé devant une fin très « noire » et a préféré rester dans le flou… tout en proposant, pour Céline, une happy end qui, tant d’un point de vue narratif que moral, fonctionne mal… C’est dommage car Si tous les dieux nous abandonnent ne manque pas de qualités. A tenter cependant.
Sylvain Bonnet
Patrick Delperdange, Si tous les dieux nous abandonnent, Gallimard série noire, Janvier 2016, 230 pages, 17 €
3 commentaires
Merci pour votre lecture et pour vos commentaires! Cela fait toujours plaisir d'apprendre que ce qu'on a écrit a été lu avec attention et interêt. La seule chose que j'aimerais vous dire est celle-ci, concernant votre conclusion: croyez-vous vraiment qu'il s'agit d'un happy end pour Céline? Disons que j'ai cherché à ce que chaque lecteur voie dans cette fin ce qu'il veut bien y trouver...
Bonjour à vous. En fait, j'ai relu deux fois la fin et j'en ai tiré (sans tout dévoiler aux lecteurs de cette critique) la conclusion que pour elle, soit tout se termine bien, soit elle glisse dans la folie. Mais j'ai eu l'impression (subjective, entendons-nous bien) que les choses se terminaient bien pour elle, d'où ma déception car pour moi, ce n'était pas possible avec ce que vous racontiez du personnage (et j'aime quand un roman noir se termine mal). Il est cependant possible que je me trompe, j'ai bien senti qu'une marge était laissé à une autre interprétation, d'où ma conclusion finale: à lire car il y a beaucoup d'éléments pertinents dans votre roman, dont la recherche stylistique.
En même temps, je remercie Patrick Delperdange de ne pas avoir donné une fin univoque et désespérante. On s'attache vraiment au personnage de Céline et à ce qui lui arrive...
J'ai vraiment adoré ce roman et, familière des contrées ardennaises bien qu'étant bruxelloise, je m'y retrouvais parfaitement!
Rendez-vous dans d'autres livres de cet auteur que je suis ravie d'avoir découvert.