Comme un trou dans la tête (Jen Banbury)


Ne vous y trompez pas : ce livre sans prétention publié chez Série Noire en 2001 va vous tordre les tripes… de rire.


Jill est une jeune femme assez mignonne, plutôt vive d’esprit (les nerfs à vif en fait) et à la répartie facile. En d’autres termes : une tête à claque. Jill travaille chez un bouquiniste pour gagner 50 dollars par jour, vit avec ses névroses (le micro-onde pourrait lui griller les ovaires à ce que dit sa soeur), surveille du coin de l’oeil un SDF qui s’endort au rayon « métaphysique » et nourrit un chat boulimique à ses heures perdues. Quand par le fait du hasard, un client (nain) entre dans la boutique avec un ouvrage, pas n’importe lequel : celui-là est signé par Jack London et ses pages ont été savamment mélangées par un éditeur d’exception.


Maline, Jill croit arnaquer le nain en lui offrant pour solde de tout compte 25 dollars ; en le revendant aussi vite à Timmy Harris (beau gosse pour qui elle a un faible), elle pense avoir fait une excellente affaire. Mais ce qu’elle va découvrir, c’est que le prix, elle ne finira de le payer qu’au bout des 362 pages du bouquin. Commence alors une cavalcade où tous les coups sont permis pour remettre la main sur Timmy et par voie de conséquence sur le Jack London.


"Oh excusez-moi, je cherche un monsieur…

— Ben, il n’y a pas de problème, je suis un monsieur, alors…

— Oui, mais le type que je cherche est un connard.

— Ah, eh ben… je suis en quelque sorte un connard, vous tombez bien."

Les dialogues de ce livre – version moderne des romans noirs des années 30, hommage décalé plus que caricature – sont ciselés avec un vrai talent et explosent comme du pop corn.


Attention toutefois, ce récit comporte de nombreuses (heureuses) surprises. L’auteur emploie les règles du polar, les inverse, les tord, en fait des confettis, c’est du grand n’importe quoi. Mais derrière l’hystérie permanente de Jill et la futilité du scénario se dissimule une douleur profonde qui ne sera révélée qu’au terme du roman, par incidence. En usant de la violence comme un exorcisme ou une expiation, Jen Banbury prend son lecteur par surprise et dévoile, sans grandiloquence, en quelques lignes la clé du personnage de son héroïne.


Premier et malheureusement toujours unique roman de Jen Banbury, COMME UN TROU DANS LA TÊTE offre de bons moments de lecture. Si le livre vous tombe sous la main, vérifiez quand même si les pages sont toutes dans le bon ordre. Autrement craignez que le FARCEUR ne vienne réclamer son dû.


Thomas Sandorf


Jen Banbury, Comme un trou dans la tête, traduit de l’anglais par Françoise Merle, Gallimard Série Noire, octobre 2001, 361 pages, 10,15 €


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