Agent orange : l'autre Crime contre l’humanité

 

Affronter l’immonde de notre quotidien est d’autant plus pénible que l’interconnexion systématique du plus grand nombre nous donne accès à plus en plus d’informations, alors il arrive un moment où le cerveau sature. Pas un mois, une semaine où une chaîne de télévision ne programme son sempiternel film sur la Shoah sans parler des attentats hebdomadaires en Irak ou en Afghanistan, des otages français ici ou là, de Florence Cassez oubliée pendant des années dans sa geôle mexicaine quand ce n’est pas une dinde colombienne qui s’égare dans la jungle malgré les nombreuses recommandations, tout cela pour faire parler d’elle à la veille d’élections auxquelles elle ne participa point, otage à son tour d’une guerre civile et sans fin comme le monde sait encore en perpétrer…
Alors, quand s'est tenu à Paris, en 2009, le Tribunal international d’opinion à propos de l’Agent Orange, cela fit pschitt ! dans les médias ; déjà qu’avec le TPI, entre le Rwanda, la Sierra Leone et l’ex-Yougoslavie, on ne sait plus où donner de la tête, alors, une pollution de plus ou de moins…

Cela ne tient pas face au dernier recrutement du PSG qataris…

Cela peut donner des fourmis dans les doigts de voir ainsi le bon peuple se détourner de l’essentiel, on sortirait bien la boîte à gifles pour remettre tout ce petit monde dans le droit chemin, mais il faut bien admettre que devoir se coltiner tous les jours la saloperie de nos dirigeants, cela devient intenable à force. Et votre serviteur est bien placé pour le dire, lui qui, à force de chercher, fouiller les archives, comparer les faits, creuser toujours plus profond, à bien failli y perdre la boule tant le 11-Septembre recèle d’insupportables vérités, d’inacceptables malversations, d’intolérables pensées, faits, actes au nom d’une idéologie nauséabonde… Pas étonnant quand on sait qui a réellement mis Hitler au pouvoir : qu’elle était donc la profession de grand-père Bush ? banquier des nazis !

Rien d’étonnant donc à ce que ce soit une nouvelle fois les États-Unis d’Amérique qui soient impliquées dans l’un des crimes les plus hideux du monde moderne, un écocide qui n’emporta pas seulement des centaines de milliers d’hectares de forêt mais qui empoisonne encore de nos jours la vie de milliers de vietnamiens. Cela fait plus de cinquante ans que l’épandage débuta et la population en subit encore aujourd’hui les effets. Mais la guerre du Viêt Nam ne fut pas que le théâtre de l’Agent Orange.

Dès 1968 les USA démontrent leur extraordinaire puissance et leur inventivité en matière d’armes de destruction massive : bombes explosives, bombes à retardement, bombes à billes avec détonateur à retardement, de fusées Strike à fragments cubiques, roquettes, fusées téléguidées, obus, mines aériennes et sous-marines, bombes au napalm et au phosphore, bombes CBU (un largage disperse mille bombes mères dans lesquelles se trouvent 600 000 bombes sphéroïdes dont chacune, en explosant, disperse 300 billes ; c’est-à-dire au total 180 millions de billes dont la force est calculée en fonction du corps humain), bombes à retardement à détonateurs magnétiques ou à vibration…
Et malgré tout cela, ils perdirent la guerre…

Tout comme en Irak, tout comme, finalement, dans presque tous les pays où ils sont passés, les USA laissent derrière eux un petit souvenir. Au Viet Nâm ce furent sept millions de tonnes de bombes qui furent lâchées, soit plus de trois fois le tonnage utilisé en Europe et en Asie durant la Seconde guerre mondiale. Avec ce petit plus qu’est l’Agent Orange : une véritable saloperie qui ne dévoila ses effets que très longtemps après son utilisation.
Le poison pulvérisé sur les forêts détruisait aussi les cultures et les récoltes mais surtout contaminait la population locale en provoquant des maladies qui mirent des années à se révéler…
Les vietnamiennes mirent alors au monde des enfants lourdement handicapés, tout comme les américaines dont les maris avaient séjourné dans les zones infectées.
S’il n’y a aucun mot suffisamment puissant pour traduire l’horreur de la guerre du Viêt Nam, il reste les témoignages pour que cela se sache.

Et ce livre est à cet effet sidérant : tant par son imposant cahier de photographies que par les éléments détaillés qui démontrent aussi bien la planification que la dangerosité du plan d’épandage de l’Agent Orange. C’est donc bien en toute connaissance de cause que cela fut fait, comme le double bombardement nucléaire au Japon !
Et cela continue puisque l’Irak et la Colombie ont aussi eu droit à leur épandage d’Agent Orange. Alors, une question : qui arrêtera ce monstre qui, sous couvert de démocratie et de libéralisme, impose sa tyrannie au monde entier ?

François Xavier

André Bouny, Agent Orange - Apocalypse Viêt Nam, éditions Demi-Lune, juin 2010, 416 p. - 23,00 euro

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