Le Labyrinthe d'Osiris de Paul Sussman

Le labyrinthe d’Osiris. Avec un titre et une couverture pareille, on se demande si l’on ne va pas avoir le droit à un mauvais Christian Jacq, un énième roman sur l’Egypte antique où le pouvoir mystérieux des Dieux serait encore à l’œuvre. Mais à la lecture de la quatrième de couverture, on se rend compte qu’il n’en est rien. Paul Sussman livre ici une intrigue moderne entre l’Egypte et Israël où il est question de trafic d’êtres humains et de multinationales véreuses.

 

Alors qu’elle préparait un article sur le trafic sexuel en Israël, la journaliste Rivka Kleinberg est assassinée dans la cathédrale arménienne de Jérusalem. L’inspecteur Arieh Ben Roï est alors chargé de l’enquête : les pistes ne manquent pas car la journaliste d’investigation s’était fait de nombreux ennemis. Pourtant une piste la reliant à la mort d’un ingénieur anglais en Egypte en 1931 émerge : suivant son instinct, Ben roï décide de faire appel à son ami l’inspecteur égyptien Youssouf Khalifa : ce dernier, accablé par la mort de son fils et empêtré dans une affaire de puits empoisonnés, accepte de lui venir en aide. Tous les deux vont se retrouver plongés dans une affaire qui les dépasse et qui menace de faire bien d’autres victimes.

 

Le Labyrinthe d’Osiris porte bien son nom dans la mesure où les 150 premières pages mènent le lecteur dans bien des directions sans pour autant savoir où elles vont mener. Tout commence avec la disparition de Samuel Pinsker, un ingénieur anglais, portant un masque de cuir puis par la découverte de son corps momifié trente ans plus tard par une touriste maladroite. On enchaîne ensuite avec l’assassinat de Rivka Kleinberg à Jérusalem pour revenir à une histoire de puits empoisonnés au milieu du désert égyptien. S’ensuit une sombre histoire de trafic sexuel ainsi qu’un mystérieux groupe, Némésis, qui attaque les multinationales et les patrons véreux. Labyrinthique, l’intrigue l’est donc. Pourtant, le lecteur finit par s’y retrouver et la force de ce thriller repose sur la façon dont l’auteur a réussi à distiller les différents indices permettant aux lecteurs de faire le lien entre ces différents éléments. Le voile n’est levé que très progressivement et à chaque fois que l’on se sent perdu face à l’intrigue, un élément apparaît pour relancer notre intérêt et avancer dans notre lecture. Au-delà de l’intrigue, les deux personnages principaux, les inspecteurs Arieh Ben Roï et Youssouf Khalifa, suffisent à nous inciter à poursuivre : tous deux en sont à un point critique de leur vie. Le premier est sur le point de devenir père mais n’arrive pas à décrocher de son travail au point de mettre en péril sa relation avec la mère de son enfant. Le second doit faire face à la mort de son fils, à la dépression de sa femme et à son propre chagrin. Tous les deux vont être amenés à faire des choix qui vont bouleverser leur vie et l’on s’attache à ces deux personnages jusqu’au dénouement final, qu’avouons le, nous n’avions pas vu venir.

 

Le Labyrinthe d’Osiris est donc une bonne surprise par son thème, sa construction labyrinthique et par ses personnages. Résolument moderne, il présente l’Egypte d’après Moubarak et fait le point sur les relations entre ce pays et Israël. Malheureusement nous n’aurons plus l’occasion de lire d’autre roman de Paul Sussman puisque ce dernier est décédé brutalement en 2012. A défaut, nous pourrons lire ses trois autres romans publiés également aux Presses de la Cité, L’armée des sables, le Secret du Temple et l’Oasis secrète.

 

Julie Lecanu

 

Paul Sussman, Le Labyrinthe d’Osiris, traduit de l’anglais par Santiago Artozqui, Les Presses de la Cité, octobre 2013, 494 pages, 22 euros

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