Avec Siri Hustvedt et "La Femme qui tremble", allez à la rencontre de ce Döppelganger qu’elle venait de découvrir

Il n’est pas besoin de Michel Onfray pour savoir que Freud est un charlatan. Tout au plus un homme qui aura donné quelques idées quant à la manière de tenter de comprendre la psyché. En aucun cas son approche est scientifique. Il faut la ranger dans le domaine de la philosophie. Donc, quand on lit que Siri Hustvedt le considère comme un homme de sciences, on n’a plus trop envie de continuer. Surtout quand on apprend qu’elle sera invitée à prononcer la conférence inaugurale du 39e symposium Sigmund Freud, à Vienne, en mai 2011. Il y a donc dans cet essai un mélange de genres. Cela peut plaire aux doux rêveurs. Pas si vous êtes féru de vérité scientifique. Il faut donc aborder ce livre comme un témoignage. Comme un écrit subjectif. Il faut aussi de la patience pour passer les longueurs.


L'idée du livre est venue de ce que Siri Hustvedt dut subir lorsqu’elle prononça un éloge en l’honneur de son père disparu. Secouée par de terribles tremblements, elle voulut comprendre ce qui l’avait frappée de la sorte. Car si son corps tremblait, son esprit n’en était pas altéré. Elle put continuer son discours sans problème.
Curieuse et intriguée elle voulut aller à la rencontre de ce Döppelganger qu’elle venait de découvrir...


Siri Hustvedt s’est alors investie dans une quête impossible. Car il fallait tout d’abord parvenir à identifier ce qu’elle avait vécu. À le nommer. Elle assista, puis participa à des séminaires de neuropsychologie. Puis dans des ateliers d’écriture en lien avec des institutions psychiatriques. L’écrivain ne manqua pas d’accueillir des témoignages. Délivrant alors quelques informations de première main. L’écriture est aussi un laboratoire à ciel ouvert.


Cet essai particulier est donc la synthèse de sa recherche. Une quête qu’elle a voulu ancrer dans une rigueur intellectuelle partisane. Freud comme étalon n’est pas forcément la bonne pioche. Ce serait plutôt le contraire. Par contre, les passages liés aux rapports étroits qui existent entre la maladie et le geste créateur sont intéressants. Car ils délivrent une parole d’humanité. Une compassion. Une approche de la souffrance de l’Autre qui est bien souvent oubliée.


Annabelle Hautecontre


Siri Hustvedt, La Femme qui tremble, traduit de l’américain par Christine Le Bœuf, Actes Sud, octobre 2010, 248 p. - 22,00 €    

Aucun commentaire pour ce contenu.