Ecrivain français (1988), elle travaille chez Ubisoft (jeux vidéos) tout en menant ses études de Lettres (deux masters). Son premier roman, La Langue du silence (Mille saison, 2009) lui vaut la reconnaissance de ses lecteurs (Prix Imaginales des Lycéens 2011 et le prix Jeunesse Marais Page 2011).

Samantha Bailly joue le destin à pile ou face !

Lycéenne, Emma va passer son bac, torturée par les images de son frère Maxime mort dans un accident de voiture. Un peu renfermée, très bonne élève, elle partage tout avec sa grande copine Ariane, y compris la chambre à l'internat, pour être encore un peu plus ensemble. Tout va bien dans sa petite vie, mis à part qu'elle aimerait bien qu’Hugo la regarde un peu, que ses parents s’inquiètent pour elle et arrêtent de s'ignorer mutuellement, et que son frère soit là...

 

Quand Emma reçoit un courriel de son frère, qui l’a envoyé via un serveur qui conserve les messages et les expédie au moment programmé (1), c’est un choc. D’abord, l’émotion, revoir ce frère "vivant" est terrible. Puis le contenu des deux messages : le premier pour l’informer de ses travaux pour l’association Mantis — qui fait dans le renseignement — et ses recherches sur le Yi King, livre divinatoire à la fondation des traditions culturelles chinoises ; le second message, d’un ton beaucoup moins enjoué, pour lui demander de supprimer les messages et surtout de détruire le fichier contenant le Yi King… Voilà de quoi perturber une jeune fille. Et à partir de ce moment, les événements vont s’enchaîner : Claire, l’amie d’Hugo, va disparaître, comme si elle avait été enlevée… Et c’est Jane Twilton, la directrice de Mantis, qui interroge Emma sur la disparition de Claire, avant la police…

 

Bien vite, Emma va suivre les premières indications de son frère et s'enfoncer petit à petit dans les arcanes du Yi King, lancer des défis au livre millénaire — qu'on interroge comme un oracle selon un procédé précis et dont il faut interpréter les sentences, ce à quoi Emma est très douée, comme feu son frère... — et participer à l'enquête pour retrouver Claire — qui sera aussi une plongée au fond de soi et sur les traces de son frère, pour comprendre autant que possible sa mort.


"Interroger l’oracle est devenu un réflexe. Un besoin. Même si les résultats l’on guidée, comment savoir si elle ne devient pas irrationnelle ?"


Le roman est haletant, fait de nombreux et courts chapitres qui enchaînent l’histoire présente aux nombreuses images du passé qui viennent éclairer la compréhension globale de l’intrigue, et Samatha Bailly a su créer, avec une économie de moyen remarquable, une ambiance d’oppression croissante, un rythme qui ne laisse pas de répit au lecteur et, par dessus tout, des personnages très attachants. En brassant des sujets très modernes, elle sait que chacun de ses jeunes lecteurs va pouvoir s’identifier aux personnages et aux situations. Et en truffant son roman de petites références aux univers du manga et de la science-fiction, Samantha Bailly sait très bien qu’elle fait mouche ! A pile ou face, pas besoin de lancer la pièce : il faut le lire.

 

 

Loïc Di Stefano

 

Samantha Bailly, A pile ou face, Rageot, « thriller », septembre 2013, 249 pages, 9,90 eur


(1) L'auteur s'est inspiré du site Mail of past en inversant les capacités du site.


Aucun commentaire pour ce contenu.