Regina Demina et les co-peaux de tendresse

                   


A l’exaspération du plaisir de l’homme fait place dans ce texte celle de sa compagne. La femme de cœur semble soudain au-delà de toute réalité concevable. Mais cela permet à Regina Demina d’observer l’attitude de l’homme essoré de sa puissance « voratrice ». Elle revendique pour elle comme pour toutes les autres femmes  un autre droit que celle de «  poupée qui parle ».  Est-ce là trop demander à son partenaire ? Celui qui fut chair sensible et flamboyante portée par l’infini du désir semble penser qu’après il n’y a plus rien ni personne. Regina Demina en propose le constat visuel et phrastique de manière austère, sèche et néanmoins plus tendre qu’amère. La créatrice y boit la lune en attendant qu’elle brille. Et si un homme lui assure que sa lubricité cause sa perte et la fumée la mort elle répond d’un absolu mutisme plutôt que de le jeter aux paters noceurs « sus aux loustics ». Elle ne se sent coupables ni devant  les esprits ou les hommes. Elle jette simplement son intime « ite ». Dans cette proximité de la distance Regina Demina parle non pour  faire tourner les têtes mais afin que les certitudes basculent en co-peaux de tendresse.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

Regina Demina, « Una Cartolina », avec un DVD de 6 mn. Editions Derrière la salle de bains, Rouen, 14 E., tirage limité à 70 exemplaires, 2014.

 

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