Les trois ex d’August Strindberg

August Strindberg était fou, semble-t-il, de cette démence orgueilleuse qui habite le créateur, l’écrivain certain de son art, traçant quoi qu’il en coûte son chemin malgré les hurlements de la critique, le silence des hivers glacés de Suède, l’argent qui manque et les caprices de ces dames… Misogyne, excentrique, habité, alcoolique, tourmenté, que de qualificatif ajouter pour décrire celui qui marqua son époque, une fois encore en avance sur son temps comme tout génie.
Zola et Nietzsche le reconnurent, l’adoubèrent mais le public le bouda jusqu’aux derniers jours de sa vie, et les éditeurs oublièrent bien souvent de le payer…

 

En dehors de sa vie professionnelle, Strindberg tenta l’aventure conjugale, se laissant happer comme le premier papillon venu par la beauté d’une actrice, la malice d’une journaliste, pensant avoir été foudroyé par l’amour quand ce n’était qu’un vil désir qui s’était insinué entre deux copies à rendre pour un journal, un théâtre, un éditeur.

Alors il devenait très rapidement invivable, hurlant, insultant épouses et enfants quand il ne publiait pas un brûlot pour dire toute sa haine de la société en générale et des femmes en particulier.

 

Sous des aspects de bougre mal dégrossi, August Strindberg détaillait les travers d’une société sclérosée par le handicap de la religion et d’une culture dépassée par la modernité qui s’infiltrait par tous les pores du quotidien. Mais personne n’osait se l’avouer, personne ne voulait le voir. Rejeté, l’un des plus grands prosateurs du XIXe siècle sombra dans la folie.

 

Régime Detambel survole le destin de ses trois femmes dans un roman bien trop court qui se lit en l’espace d’une paire d’heures, ce qui a le don de nous laisser sur notre faim : avec un tel personnage en filigrane, on s’attendrait plutôt à une somme comme Le nom de la rose tant il y a à dire, à écrire…  

 

François Xavier

 

Régine Detambel, Trois ex, Actes Sud, janvier 2017, 144 p. – 15,80 euros

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