Guide de la vie monastique

Un guide clair, nerveux et complet sur la vie monastique d’aujourd’hui avec ce qu’il faut d’histoire


L’Église a du mal à engranger les vocations. On manque tant de prêtres chez la fille aînée de l’Église, que certains sont importés de plus en plus d’Afrique, d’Inde… Dans le clergé régulier, la situation est moins mauvaise mais ce n’est pas le Zénith ; c’est le moins que l’on puisse dire ! Et pourtant l’engouement du public pour les monastères est réel, perturbant même les vieilles règles de vie de leurs vénérables occupants ! C’est sur ce surprenant constat que Pierre Chavot commence son guide de la vie monastique, il s’appuie alors sur un article paru dans le journal La Croix.

Puisqu’il a un public enthousiaste, l’auteur se propose de fournir un guide clair et rigoureux. Il se propose de parler du monastère aujourd’hui, en se fondant sur les résultats d’une enquête minutieuse auprès de toutes les communautés monastiques.

Enquête sur les vocations

Tout, en France démarre par un historique. L’auteur rappelle les origines orientales du monachisme avec Saint Pacôme, en Egypte au IVe siècle de notre ère. La Gaule suit avec Saint Martin à Ligugé. Sans entrer dans les détails, Pierre Chavot balaye le Moyen Age sans oublier la rupture fondamentale de la Révolution Française.
   
La vocation est la soumission à un appel brutal : « j’ai été assommé comme saint Paul, en pleine rue […] J’ai pleuré trois jours et trois nuits » témoigne un ancien marin devenu moine à trente sept ans. Les moines « ont choisi la liberté en recourant à la dépendance à l’égard de Dieu » nous explique l’auteur avec des mots simples et forts. En fait il n’éclaire rien, il obscurcit plutôt, tant les mots sont impuissants à faire ressentir ce que ressent l’autre. On ne va donc pas lui faire de reproches, il ouvre une piste à explorer par qui le voudra comme dans tout bon guide. A ce sujet on peut déplorer l’absence d’une bibliographie dans l’ouvrage compensée en partie par des annexes d’une clarté et d’une richesse certaines, intégrant les sites internet utiles.

Une formation lente et profonde

Pierre Chavot nous livre les principales étapes de la formation des règles et des ordres qui s’y soumettent. Chaque moine sera donc formé selon l’esprit particulier de son ordre. La formation est longue et lente, on n’entre pas facilement dans la vie monastique : on se prépare puis on postule, et enfin on est novice. Le novice doit chercher et trouver avant de s’engager. Il faut s’enraciner dans le Christ, grandir dans le silence et la solitude… La formation devient plus profonde une fois qu’on s’est engagé, avec au programme histoire, théologie et philosophie. Trois vœux sont prononcés : pauvreté, chasteté et obéissance, renforcés, fécondés par la pratique assidue du silence, s’appuyant sur le cloître, symbole du désert. Ces grands sont sobrement et intelligemment éclairés par des témoignages courts mais clairs, judicieusement choisis par l’auteur de ce guide.

Le temps monastique et le quotidien du moine

Le moine suit l’année liturgique. Le calendrier se partage en deux cycles : les épisodes de la vie de Jésus et le culte des saints. Il suit aussi une stricte ordonnance de la journée, prières, travail et étude. On se reportera aux annexes où de charmants petits dessins explicitent ces différentes activités.

Monastiqu’business

Un monastère ne peut échapper à la loi humaine des recettes et des dépenses, car il doit vivre de ses propres ressources. Toutes les activités ne sont pas traditionnelles (fromage, miel…), l’abbaye cistercienne d’Acey, dans le Jura, pratique l’électrolyse sur métaux ! Internet a représenté un virage providentiel pour des gens qui ne sortent pas de chez eux et a dopé la vente par correspondance. La « profession » monastique a appris à se protéger en créant sa propre marque « monastic ». La foi ne fait pas perdre le nord au cas où les mécréants en douteraient encore !

L’accueil

S’il s’agit d’une tradition pour les moines, cette tradition a évolué. Il y a un véritable engouement pour les monastères au point qu’on refuse du monde à certaines périodes de l’année. Cela correspond à une véritable soif de spiritualité… Pierre Chavot compare l'augmentation de cet accueil à la crise des vocations liée à la perte des repères traditionnels et à la fin de la ruralité. En somme la soif est forte mais l’usage du verre de plus en plus méconnu… Des signes de renouveau existent dans la mesure où les bons frères ne sont pas des handicapés de l’adaptation…

Didier Paineau

Pierre Chavot, Guide de la vie monastique, Perrin, juin 2005, 260 pages,17 €

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