Bernard Lecomte, "Pourquoi le pape a mauvaise presse" : réductions et simplifications
Le pape, mais aussi la Curie et l’Eglise de France ne peuvent pas rétrécir leur discours aux exigences médiatiques : « L’objectif d’un pape n’est pas de séduire… » Toujours est-il que plusieurs interventions de Benoît XVI en 2009 – de l’affaire Williamson à la gamine de Recife – ont créé un profond malaise, même au sein de la communauté catholique. Reprenant un à un ces dossiers épineux, Marc Leboucher et Bernard Lecomte analysent le contexte ecclésial et aussi médiatique de ces dérapages. Inculture religieuse, simplification extrême, recherche du sensationnel, mode anticléricale, pression du « politiquement correct »… Les embûches d’une communication moderne sont clairement identifiées.
En expliquant patiemment comment chaque « affaire » s’est enflammée, Bernard Lecomte dénonce encore les « médias sans mémoire » qui réduisent les déclarations et positions papales. Un travail pédagogique qui apporte un éclairage mesuré et pertinent, tout en souhaitant une meilleure communication pontificale. Les auteurs, par exemple, évoquent dans cet ouvrage, la prudence nécessaire autour du procès de Pie XII : « Pourquoi pas « geler » pendant cinquante ans la cause de béatification du pape Pie XII. Que seront ces cinquante ans au regard de l’éternité ? On ne canonise pas un sujet de polémique. » Benoît XVI, sans doute, se fie davantage à saint Paul qu’aux conseils en communication : « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps... » (2 Tim 4,2)
Christophe Henning
Bernard Lecomte, Pourquoi le pape a mauvaise presse, entretiens avec Marc Leboucher, octobre 2009, DDB, 204 pages, 16 €.
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