Une histoire de la marine de guerre française, une synthèse pertinente

Contre-amiral, Remi Monaque a consacré plusieurs ouvrages à l’histoire de la marine française dont des biographies assez remarquées sur les personnages de Latouche-Tréville (2000) et Suffren (Tallandier, 2009). On lui doit aussi une analyse assez fouillée de la bataille de Trafalgar (Tallandier, 2005) où il revient en détail sur le rôle de Villeneuve. Il livre ici Une histoire de la marine de guerre française, assez remarquable, tant par son ampleur que par les détails donnés.

 

Une naissance sous l’ancien Régime

 

Si le Moyen-âge connaît quelques faits d’armes de marines français ou au service de la France, c’est Richelieu qui développe le premier une véritable marine de guerre, avez le développement d’arsenaux et un budget conséquent, afin de faire face aux espagnols mais aussi aux anglais et aux néerlandais.  Louis XIV poursuivra cet effort, correspondant au développement de l’Empire colonial aux Amériques. Apparaît néanmoins le paradoxe français, qui peine à aligner une marine digne de ses ambitions maritimes. La guerre de sept ans et plus encore les guerres de la Révolution et de l’Empire, prendront acte de la suprématie anglaise (malgré le redressement opéré sous Louis XVI). On peut créditer Napoléon III d’avoir voulu redonner du lustre à la marine française, instrument de puissance d’un pays qui réaffirme ses ambitions mondiales.

 

Les ambiguïtés de la seconde guerre mondiale

 

Ecartelée entre une vocation continentale et des ambitions mondiales, la France a toutefois toujours gardé une marine importante, confinée cependant, en raison de l’Entente cordiale (1905) avec le Royaume-Uni, au rang de brillant second durant la grande guerre. Les années vingt et trente voient la montée en puissance d’une flotte qui tarde cependant à adopter des portes-avions modernes et qui privilégie corvettes, croiseurs et destroyers : des choix lourds de conséquences quand éclate en 1939 la seconde guerre mondiale. La marine va être prise en otage par le régime de Vichy dont l’amiral Darlan est un des quatre principaux dignitaires. Ici, Remi Monaque mêle souvenirs personnels et réflexion historique, avec quelques maladresses (Darlan, selon son plus récent biographe Bernard Costagliola, fut un opportuniste qui joua très longtemps la carte de la collaboration) mais aussi non sans justesse (l’amalgame entre « gaullistes » et « vichystes » après 1942 fut difficile).

 

Au final, reste une réflexion de qualité sur un instrument militaire témoin de la vocation maritime, contrariée mais réelle, de la France.

 

 

Sylvain Bonnet

 

Remi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Perrin, avril 2016, 526 pages, 26 €

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