Grand Remplacement : mythe ou réalité ?

Le Grand Remplacement, le mot tabou, tant il véhicule d’idées fausses, de caricatures et de mensonges ; mot qui effraie aussi – et à juste titre – si bien qu’il côtoie désormais complotiste et antisémite voire extrême-droite afin que les censeurs de tout poil puissent se déchaîner dès que le mot est prononcé. Or, que nous dit Renaud Camus – dans cette sixième édition – qui ne soit pas visé par le bon sens ?
La présence de plus en plus pesante d’une communauté hostile aux valeurs de la France. Un refus de s’assimiler – car refus des valeurs de la France – et une violence prononcée pour affirmer sa culture au détriment de celle du pays d’accueil. Un nombre sans cesse croissant d’illégaux, de mineurs isolés, de voyous, de profiteurs en tout genre… Ce n’est plus un livre prophétique comme le fut Le Camp des saints –  paru en 1972 et dont un événement de février 2001 donnait raison en sus d’un clin d’œil géographique – mais un constat, une réalité problématique qu’il faut accepter pour la corriger. 

Un peuple qu’à l’œil nu on voit remplacé à vive allure par un ou plusieurs autres, dans ses rues, dans ses quartiers traditionnels, dans le centre de ses villes, dans ses métros, dans ses écoles surtout, à la télévision et jusqu’en ses plus antiques villages, est-ce encore le même peuple quand bien même son nom, officiellement, reste le même ? Il s’agit là d’un grave problème philosophique, autour de la question de l’identité ; mais aussi, et d’abord, d’un problème linguistique, et sémiologique, à propos de ce qu’est le sens des mots, et même le sens du sens. Platon avec son Cratyle, au demeurant, a bien établi par l’exemple que philosophie et sémiologie n’étaient pas séparables, en l’occurrence. Et je me suis permis naguère, dans mon épais Du sens (P.O.L., 2002) de faire un usage à peine métaphorique de son opposition impérissable entre Cratyle et Hermogène, les deux débatteurs, au sujet de ce que veut dire Europe, par exemple, et français, justement. 

Il n’est qu’à voir qui réfutent cette vérité qui n’est plus – malheureusement – une thèse depuis bien longtemps : une classe bobo bienveillante privilégiée vivant dans des quartiers protégés. Pour ma part, en 2018, j’ai vécu onze mois – trois nuits par semaine, comme le chantait Indochine – à Montreuil, au bout de la rue du capitaine Dreyfus, une rue piétonne protégée par des bornes électriques. Quel enfer ! Jamais nous n’avons pu dormir avec deux ou trois heures du matin : en bas de l’immeuble, une Clio blanche, moteur tournant, abritait deux maghrébins venus d’Enghien qui vendaient leur drogue en toute impunité. Appels à la police qui me confirmait les voir sur leur écran de caméra de surveillance – mais ne se déplaçait point –, lettre au maire – pour lui demander comment des gens d’une autre ville pouvaient avoir un badge pour franchir les bornes, et demande d'annuler son accès – sans réponse, en arriver à jeter des bouteilles de vin par la fenêtre sur leur voiture pour les faire fuir, saisi du commissaire qui me détacha le commandant I. qui ne pouvait que me faire de jolis mails… mais dans les faits : rien ! Une menace de dépôt de plainte pour corruption les a fait disparaître du jour au lendemain après une lettre salée du commissaire fort vexé que je puisse oser soupçonner que la police couvrait des dealers… Ils sont revenus quatre mois plus tard.
Une vingtaine de mètres plus loin un groupe d’africains faisaient, dès les beaux jours venus, de la musique et des groupes de paroles jusqu’au bout de la nuit, sans que personne ne s’en soucie ; et le dimanche matin – pour toute la journée – le magasin situé en face sortait ses enceintes dans la rue et nous offrait une musique des savanes à plein tubes… Le magasin d’à côté était une restaurant turc… sans jamais le moindre client mais toujours deux énormes Mercédés noires garées devant. Manifestement ce n’était pas les clients qu’ils recherchaient, mais la source d’argent semblant inépuisable ils s’offrirent cinq mois plus tard la boutique d’en face. Mais n’allez surtout pas parler de blanchiment… 
Bref, nous partîmes au plus vite et sans le moindre regret de cette ville communiste gérée dans le plus pur style clientéliste où les jours de marché les voitures se garent en triple file, les soirs de Ramadan elles bloquent carrément la circulation dans les deux sens, puisque tout leur appartient et que la République est totalement absente. La police regarde ailleurs, le maire se frotte les mains, les caïds règnent en maître. 

J’apprends que le gouvernement estime que le peuple a "trahi la confiance du régime" et "devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités". Dans ce cas, ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? 

Bertolt Brecht, La Solution 

 

Ainsi quand Renaud Camus évoque tous ces sujets sous l’aspect purement civilisationnel, on comprend que les politiques et les gauchistes se crispent car on dénonce leur fond de commerce. À l’exemple du Liban, du Kosovo ou de tout autre pays qui a vu sa population musulmane fortement augmenter, la vie a changé quoique l’on puisse en penser ; le nier est une faute. Car faire l’autruche risque fort de conduire aux mêmes résultats, et faire un procès à Renaud Camus en bien-pensance est une hérésie doublée d’un crime car cet homme se contente de sonner le tocsin, justement pour éviter le pire, et nous inciter à prendre les bonnes décisions.
Mais les bobos et autres oui-oui continuent à penser que tout ira bien alors que l’Histoire, cruelle et toujours pragmatique, nous a démontré qu’il n’en est rien. L’angélisme nous a coûté la défaite de 1939, il serait temps d’apprendre de nos erreurs, et de sauver le soldat France pendant qu’il est encore temps avant que le délitement ne finisse par gangréner la société au point qu’elle implose.
Déjà certains sociologues, dont Michel Maffesoli – qui vient de publier L’ère des soulèvements, aux éditions du Cerf – et qui n’est pas à proprement parlé un illuminé, confirmait, la mort dans l’âme, dimanche 23 mai, sur le plateau de CNews – Les points sur les i –, que le sang allait couler. Oui, la question n’est plus de savoir si cela va arriver, mais quand et surtout comment en limiter le plus possible les dégâts ; mais continuer à croire que tout va continuer comme avant, c’est au-delà de faire l’autruche, c’est – pour ceux qui sont sensés gouverner et donc nous protéger – un crime, pire : une trahison.

 

François Xavier 

 

Renaud Camus, Le Grand Remplacement – introduction au remplacisme global, coll. Dans l’arène, La Nouvelle Librairie éditions, avril 2021, 570 p.-, 26,50 € 

 

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