René Frégni : aussi dur que le bois

En un hiver René Frégni a fait d'une certaine manière et par un voyage autour de se chambre celui qu'il a effectué tout au long de sa vie. Il remonte son histoire avec alacrité avec le goût pour les femmes et les amitiés au milieu des fuyards, des rodeurs des vagabonds dont il devient le plus magnifique d'entre eux.

Ce livre se dévore même s'il nous prend souvent de vitesse. C'est pourquoi il ne se quitte pas. De Corse en Turquie ou en Grèce comme des quatres coins du monde, en diverses voitures de fortune, celui qui ne fut pas accepté à la SNCF traverse des paysages et nous fait partager pérégrinations et lectures dont Sade lu près de la Mosquée Bleu grâce à l'attention littéraire parisienne qui lui offrit - entre autres -cette révélation.

Tout est parcouru à grandes enjambées et sans temps morts. Et ce dans un apprentissage de l'existence au milieu des déambulations de spectres en haillons. Le tout entre le monde d'une certaine culture et celui de misère, de délires et d'oubli.

Rien n'est expédié et sont expliqués  sans blablabla et en virtuosité les mille et un avatars qui conduisent - entre autres - le presque gamin du côté de Verdun au tribunal militaire. Mais le déserteur est condamné à un an de prison certes, mais avec sursis. Ce qui change tout. 

Dès lors sous le ciel de Paris et d'ailleurs la vie reprend entre insouciance mais aussi un certain sérieux jusqu'à retrouver le truand qui avait bouleversé sa vie. Avec cette narration et au gré d'une saison hivernale elle suit son cours. Et nous prenons le temps, dans les dernières pages, de partager – auprès d'un poêle que Frégni nourrit en bûches – un temps plus apaisé.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

René Frégni, Minuit dans la vallée des songes, Gallimard, février 2022, 255 p.-, 19,50 €

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