Enquête familiale au pays des marionnettes : "Je suis la marquise de Carabas" de Lucile Bordes
Pourquoi cette histoire familiale qui peut sembler prestigieuse a-t-elle été occultée par les générations suivantes ? Telle est la question que se pose la narratrice.
L’auteur dépeint avec beaucoup de sensibilité et de justesse le rôle du marionnettiste et le lien étrange et profond qui s’établit entre lui et ses marionnettes, allant parfois jusqu’à l’éloigner de sa femme et de ses enfants. Crasmagne, par exemple, est un des héros de ce livre … et pourtant c’est bien une marionnette. Mais n’est-ce pas parfois la marionnette qui manipule le marionnettiste ?
C’est toute l’ambiance des tournées, la magie de la création, le plaisir d’offrir au spectateurs un moment d’évasion mais aussi la vie souvent difficile des saltimbanques, les rivalités, le sentiment d’exclusion que peuvent connaître les enfants, les sacrifices qu’il faut consentir pour perfectionner son art que restitue Lucile Bordes dans ce premier roman en forme d’enquête familiale.
Certains passages, les plus réussis, évoquent La Strada, film de 1954 de Federico Fellini, et notamment le magnifique personnage de Gelsomina jouée par l’actrice Giulieta Masina. On ne pourra s’empêcher de penser également aux marionnettes de Christophe dans sa chanson éponymes de 1965.
Ce roman peut aussi faire
penser à un autre livre très réussi écrit par une jeune femme à peu près de la
même génération que Luciles Bordes (née dans les années 70) et qui elle aussi
rend hommage à ses ancêtres tout en restituant son enquête dans un vrai roman
qui est bien plus qu’un simple témoignage : il s’agit de Léonor de Récondo
avec son livre Rêves oubliés publié chez Sabine Wespieser en janvier dernier.
Marianne Desroziers
Lucile Bordes, Je suis la marquise de Carabas, Liana Lévi, août 2012, 139 p., 14,50 euros.
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