Cédric Villani et le "Théorème vivant" : e > mc2 ?

Salah Stétié a écrit : « Je suis de ceux qui croient fortement à la charge de poésie que porte la science : l’algèbre, par exemple, m’apparaît, plus et mieux qu’en sa rigueur, densité admirablement légère du travail de l’esprit épuré. » (Raisons et déraisons de la poésie, Les éditions du Littéraire, page 61). Nonobstant, placer ce livre-là dans la collection Littérature. Fallait oser. Car dès la seconde page on se dit qu’il nous manque quelque chose. Schéma de Moser, qu’est-ce ? Equation de Boltzmann, mais encore ? S’ensuivent des dialogues surréalistes pour le commun des mortels. Puis des pages et des pages d’équations mathématiques. Quand on retourne au français, c’est encore plus mal écrit que du Lévy. Alors oui, Cédric Villani est un jeune prodige. Il a reçu en 2010 la médaille Fields. L’équivalent du prix Nobel dans le monde des mathématiques. Il est brillant. Sans doute le plus brillant de sa génération. Mais il parle chinois !

 

Ce livre est le récit de la traque qu’il a mené pour venir à bien d’une équation. C’est un journal de bord pour avertis. Seuls les spécialistes trouveront un plaisir malin à lire entre les lignes. A décrypter les suites mathématiques. Nous autres, pauvres pêcheurs, ne pouvons qu’applaudir devant le travail accompli. C’est comme face à un sauteur à la perche qui dépasse les six mètres. On lève la tête. On se tord le coup. Mais on reste les deux pieds au sol. Ceci n’est pas pour nous… l’élite navigue à des altitudes impossibles…


Annabelle Hautecontre

 

Cédric Villani, Théorème vivant, Grasset, août 2012, coll. « Littérature française », 288 p. – 19,00 €

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