Résumés et analyse des grandes œuvres de la littérature classique et moderne.

L’Étranger, de Camus : Résumé


Résumé : L’Étranger, d'Albert Camus (1942)

 

L’action se déroule en Algérie française. Meursault (le narrateur) apprend par un télégramme la mort de sa mère. Il se rend en autocar à l’hospice, près d’Alger. Il n’exprime ni tristesse ni émotion. Il refuse de voir le corps, mais veille le cercueil comme c’est la tradition, en fumant et buvant du café. Aux funérailles, il ne montre aucun chagrin, ne pleure pas, et se contente d’observer les gens qui l’entourent.


Le lendemain, de retour à Alger, Meursault va nager dans la mer et rencontre une jeune fille, Marie, une dactylo qui avait travaillé dans la même société que lui et qu'il connaît vaguement. Le soir, ils se rendent au cinéma puis reviennent à l'appartement de Meursault et couchent ensemble. Une relation se développe entre eux, au cours de laquelle il ne montre pas plus de sentiment ou d'affection envers Marie qu’à l'enterrement de sa mère.

 

Meursault fréquente son voisin, Raymond Sintès, connu pour être souteneur, qui lui demande de l’aider à rédiger une lettre : il s’est battu avec sa maîtresse qu’il soupçonne d’être infidèle et craint les représailles de son frère. Meursault accepte.

La semaine suivante, Marie et Meursault perçoivent les bruits d’une dispute violente entre Raymond Sintès et sa maîtresse, jusqu’à l’intervention d’un agent. Après le départ de Marie, Raymond vient demander à Meursault de lui servir de témoin de moralité. Il affirme au tribunal que la maîtresse de son voisin a été infidèle et Raymond est quitte pour un avertissement. Celui-ci invite Meursault à passer la journée du lendemain dimanche dans le cabanon de l’un de ses amis, Masson, dans la banlieue d’Alger. Dans le même temps, Meursault qui montre peu d'intérêt pour sa carrière, refuse une promotion qui le conduirait à travailler à Paris. Marie lui demande de l’épouser : il accepte, bien que cela lui soit égal.

 

Le dimanche, Marie et Meursault prennent le bus avec Raymond pour rejoindre le cabanon de Masson. Ils sont suivis par un groupe d’Arabes, dont le frère de la maîtresse de Raymond contre lequel Meursault a témoigné. Après déjeuné, les trois hommes vont se promener sur la plage, sous un soleil de plomb. Ils croisent à nouveau le groupe d’Arabes. Une bagarre éclate : Raymond est blessé au visage d’un coup de couteau. En remontant au cabanon, Meursault obtient de Raymond qu’il lui confie son révolver afin d’éviter qu’il ne tue quelqu’un. Meursault retourne sur la plage. La chaleur est accablante. Il rencontre un des Arabes qui sort un couteau. Meursault, ébloui par le reflet du soleil sur la lame, sort le revolver dans sa poche puis tout s’enchaîne : « La gâchette a cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse et, c’est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant que tout a commencé [...]. Alors, j’ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s’enfonçaient sans qu’il y parût. Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur. » Ces cinq coups de revolver excluent la légitime défense et l’homicide involontaire. Meursault ne donne au lecteur aucune raison particulière pour son crime, le fait qu’il ait tiré sur le cadavre à quatre reprises ou sur les émotions qu'il éprouve, mis à part le fait qu'il a été gêné par la chaleur et la lumière du soleil.

 

Dans la seconde partie du roman, Meursault est incarcéré et envisage avec détachement son procès à venir. Il est même assez indifférent à la privation de liberté et s’habitue à l’idée de ne pas pouvoir coucher avec Marie. Il passe son temps à dormir ou à énumérer mentalement les objets qu’il possède dans son appartement.


Tout au long de son emprisonnement et jusqu’à la veille de son exécution, Meursault affiche la même indifférence, semblant ne rien ressentir. Il se sent étranger à ce qui lui arrive et ne montre au procès aucun regret, ce qui met son avocat très mal à l’aise. On l’interroge sur son comportement à l’enterrement de sa mère, sur les raisons de son crime. Il ne sait que répondre que c’est à cause du soleil. Pour le procureur, Meursault est « un homme qui tuait moralement sa mère », en la laissant dans un asile. Et il l’accuse « d’avoir enterré une mère avec un cœur de criminel ». La justice ne cherche pas à comprendre les motivations de Meursault. Le procureur se concentre sur son comportement, sa personnalité, sa vie dissolue (il engage une relation le lendemain des funérailles de sa mère dont il est indifférent), son athéisme, son caractère asocial. Dans le contexte politique de l’époque, l’Algérie gouvernée par la France coloniale, il aurait pu plaider la légitime défense et être acquitté. L’avocat tente de montrer son client sous un autre jour, loin de la réalité. Meursault l’écoute, pris de vertige : « J’étais un honnête homme, un travailleur régulier, infatigable, fidèle à la maison qui l’employait, aimé de tous et compatissant aux misères des autres. » La cour rend son verdict : « Le président m’a dit dans une forme bizarre que j’aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français. » Finalement, Meursault est condamné à mort, plus pour son indifférence aux normes de la société que pour son crime.

 

Dans sa cellule, Meursault doit affronter l'aumônier de la prison qu’il refuse de rencontrer, mais qui tente de prendre sa confession. Il lui promet une autre vie s’il se tourne vers Dieu. Meursault entre dans une grande colère et met le prélat dehors. Il est convaincu que seule la vie est certaine et que l'inéluctabilité de la mort lui enlève toute signification. C’est alors que, paradoxalement, se développe dans l’épilogue une autre posture de Meursault, celle de l’attachement matériel, sensuel, à la vie. Il se découvre surtout comme faisant partie intégrante de ce monde. Meursault est prêt, lucide et calme, si proche de la nature et si loin des hommes. C’est à travers la révolte, la colère, la violence que l’homme découvre l’absurdité de la condition humaine. « Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine. »

 

Pour Albert Camus, la vie des individus, l'existence humaine en général, n'ont pas de sens ou d’ordre rationnel. C’est parce que nous éprouvons des difficultés à accepter cette notion que nous tentons en permanence d'identifier ou de donner une signification rationnelle à nos actes. Le terme « absurdité » décrit cette vaine tentative de l'humanité à trouver un sens rationnel là où il n'en existe pas.


Bien que dans L'Étranger Camus ne se réfère pas explicitement à la notion de l'absurde, les principes de l'absurdité fonctionnent dans le roman. Ni le monde extérieur dans lequel Meursault évolue ni le monde intérieur de ses pensées, de même que son comportement, ne relèvent d’un ordre rationnel. Meursault n’est pas logique dans ses actes, comme sa décision de se marier ou celle de tuer l'Arabe (notamment les quatre coups de revolver tirés dans son cadavre). Néanmoins, la société, à travers la justice, tente de fabriquer ou d'imposer des explications rationnelles aux des actions irrationnelles de Meursault. L'idée que les choses se passent parfois sans raison et que les événements peuvent n’avoir aucun sens perturbe la société qui voit là une menace. Le procès, dans la deuxième partie du roman, n’est autre que la tentative de la société de fabriquer un ordre rationnel. Le procureur et l'avocat ault expliquent le crime de Meursault en se basant sur la logique, la raison, et la notion de cause à effet. Pourtant, ces explications n'ont aucun fondement et ne sont que des tentatives pour désamorcer l'idée effrayante que l'univers est irrationnel. Le livre traduit cette vaine tentative de l'humanité d’imposer la rationalité dans un univers irrationnel.


La deuxième composante majeure de la philosophie de l'absurde de Camus est l'idée selon laquelle la vie humaine n'a pas de sens ou de but rédempteur. Camus fait valoir que la seule chose certaine dans la vie est l'inéluctabilité de la mort. C’est parce que tous les êtres humains finiront par rencontrer la mort que toutes les vies sont dénuées de sens. Tout au long du roman, Meursault évolue progressivement vers cette révélation, mais il n’en saisit pleinement la réalité qu'après sa dispute avec l'aumônier. Parce que la révolte est la seule réponse à l’absurde. Il prend aussi conscience que son indifférence au monde est corrélée par l’indifférence du monde à son égard. Comme tout humain, Meursault est né, mourra, et n'aura plus d'importance. L’acceptation de l'inéluctabilité de la mort libère Meursault des faux espoirs. Celui notamment d’une vie durable, qui n’était en fait qu’un fardeau qu’il traînait. Il est donc libre de vivre sa vie pour ce qu'elle est, et tirer le meilleur parti des jours qui lui restent. 


Joseph Vebret

 

42 commentaires

Très bon résumé avec des citations, mais il manque de détails sur le personnage de Salamano, le voisin qui bat son chien, même si ce n'est pas l'essentiel de l'histoire.

Formidable, je n'avais  pas lu l'Etranger, et ce résumé  m'a donné envie de lire le livre. Merci !

Tout a fait satisfait de ce résumé. J´ai pu acheter L´Etranger d´Albert Camus, à l´alliance française de ST-Domingue. Je me mettais donc à le lire, mais j´ai pas pu finir, j´avais la tête à autres choses. Alors j´adore, malgré Meursault le personnage central du roman, n´est pas du tout de mon style. Une absence totale de vertu, qui pourrait être très dangereuse, pour un monde déjà chaotique dans son essence même.  Moi je n´accepte pas cette logique irrationnelle qui imprègne le livre, je crois que l´homme sage c´est celui qui a la capacité de contrôler ses actes, se maitriser soi-même. Le monde serait trop fatal avec un tel personnage, insensible, ne se souciant de rien. C´est terrible, un tel personnage. Mais j´aime le livre par-dessus tout, car c´est le produit d´une imagination assez vaste et fertile.

le résumé est sidérant et résume bien l’œuvre de l'auteur.  Je pense qu'il est vrai que pour des attitudes aussi pareilles que celles de Meursault, il est bien clair que cela se justifie. Ainsi j’approuve cette explication dont l'auteur du résumé a fait part : "Il prend aussi conscience que son indifférence au monde est corrélée par l’indifférence du monde à son égard. Comme tout humain, Meursault est né, mourra, et n'aura plus d'importance".

mrc bien

merci beaucoup  


il est un peu long 

  • je veux un résumé plus coure que celui là 

@djazii gonzales - alors petit un, tu dis merci, secondo on ne dit pas "je veux", et tertio on n'écrit pas court "coure" !

on croit rêver parfois...

:-(

Merci j'ai contôle dans 1h et ça me permet de tricher

D'après la philosophie de l'existentialisme, les valeurs ne sont pas données: il faut les créer. Mais Meursault est passif et il soumet au destin. Il est comparable au Sisyphe.

Meursault est un homme qui ne trouve pas sa place dans la société dans laquelle il vit. Il est étrange. Je suis interpellé dès le premier paragraphe (à lire dans les notes). Meursault apprend que sa mère est morte, pourtant, ce qui attire son attention, c’est de savoir quel est le jour de la mort : hier ou aujourd’hui. Tout de suite, on est confronté à une manière de penser qui est étrange. Et cela continue dans la suite. Meursault enchaîne avec une description de comment il va se rendre à Marengo, lieu où se situe l’asile de sa mère, sans jamais évoquer une seule émotion par rapport à la mort de sa mère. Par exemple, j’ai été particulièrement marqué par le fait qu’il soit étourdi lorsqu’il doit monter l’escalier pour aller chez Emmanuel afin de lui emprunter une cravate noire et un brassard, alors que la mort de sa mère le laisse apparemment indifférent. Ce détachement émotionnel se retrouve dans d’autres scènes, comme par exemple lors de la veillée ou du cortège funèbre.


J'ai écrit un commentaire sur mon blog : http://xn--je-lis-et-je-cre-pqb.fr/letranger-albert-camus-premiere-partie/ N'hésitez pas à venir le lire.

J'ai lu le livre par obligation ( BAC ) il m'a paru être une éternité, pas convaincu du tout je me suis totalement ennuyée et j'attendais juste avec impatiente la fin ! Je n'est sûrement pas l'esprit d'un lecteur fou de Camus

?

TRES BON RESUME ,C'EST SATISFAIT çA M'A PERMIT DE COMPRENDRE L'ETRANGER

Alceste

ce résumé est bien fait et ses explications m'ont éclairé des parties que je comprenais pas dans le roman bravo et merci 

AnonymousDANSTONCUL

DraacoGds je suis dans la même situation que toi

attila

y'a 30ans passé depuis que j'ai lu ce livre extra attractif et facile à lire

une fois commencé tu le lacheras pas  bonne lecture


 

Bahia

Très belle vision des choses ce resumé reflète très bien les dires de camus.

Chapeau a M. Verbret pour ce magnifique resumé !

Le résumé qui a été fait par M. Verbret est excellent, il n'est pas nécessaire d'en rajouter plus,  sauf de faire remarquer une petite erreur d'interprétation. Il me semble que le souteneur avait caché son identité à Meursault et lui à fait croire que la femme qu'il aimait l'avait trompé, alors qu'il subvenait à tous ses besoins essentiels. D'emblée, j'ai trouvé le fait de justifier une correction par les coups que l'auteur approuvait était en soi un appel à la violence, tandis que la fille criait ''maquereau''. C'est le suspens du livre, il a fallu attendre le procès pour connaître son véritable métier, il se faisait passer pour un magasinier. Meursault aurait dû crier à la barre qu'il avait été dupé. Mais cela fait parti du personnage qui ne sait pas exprimer ses émotions et c'est pourquoi il a été écrasé par la machine judiciaire. Je l'ai conseillé à mon fils sans lui donner tous les détails.

Nadia Lallali

Écrivain et auteur

BitorX3000

La beauté assurée des paroles pour captiver l'imagination. Merci pour le partage.

christine gamita

Merci votre explication m'a permis de comprendre pourquoi Camus avait écrit un tel livre