Une nuit au Congo : Jean Depara

Il fut un temps où les congolaises des sixties pouvaient traverser en robe légère le nocturne sous la lumière gris argent de la lune et celles plus crue des spotlights de boîtes de nuit plus ou moins interlopes.  Dans le dédale croissant de la  lune, de l’alcool et des jeux de séductions  mille vibrations s’allumaient. Le monde était certes encore colonial mais semblait moins peuplé de « méchants » qu’aujourd’hui. On ne connaissait ni l’intégrisme, ni le Sida qui fracassent la vie de tant d’êtres.

 

Tout au long de son œuvre et de sa vie Jean Depara n’eut cesse de retenir ce temps. Des   silhouettes graciles et cuivrées s’y frayaient des chemins de désir par effet d’ostentation. Destination : plaisir. Le photographe montre de manière pudique comment l’incendie couvait, dansait, chantait. Restent des images qui paraissent comme des intruses tant elles se chargent de nostalgie. Le noir semblait d’ivoire en décoction fantastique jusque dans le café du matin.  Des jeunes femmes attendaient qu’un chevalier les emmène. Et sous leur apparente nonchalance elles savaient manier la trique pour faire avancer l’âne sans perdre pour autant leur âme.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Jean Depara, Night & Day in Kinshasa, 1955-1965, éditions Revue Noire, Belgique, 108 p., 13 € 

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