Riad Sattouf ou le "Printemps arabe" raconté en BD


Le festival de la BD d'Angoulême vient de décerner le prix du Fauve d'or pour le premier tome de L'Arabe du futur (1978-1984) à Riad Sattouf, auteur-dessinateur et cinéaste plusieurs fois récompensé pour ses œuvres (Fauve d'or 2010 pour la BD Retour au collège, Pascal Brutal chez Hachette et Les beaux gosses, césar du meilleur premier film).


Le prix est mérité pour ce beau "roman dessiné" qui raconte l'histoire autobiographique de Riad, né d'un père syrien et d'une mère française. On suit d'abord les tribulations du jeune garçon en Libye sous la férule alors du dictateur Mouamar Kadhafi puis en Syrie, à Homs, terre d'un autre célèbre autocrate, Hafez al-Assad que son fils Bachar a dépassé dans l'horreur pour écraser ses opposants. Par petites touches graphiques et dans un art consommé de textes et dialogues finement travaillés, les descriptions orwelliennes des régimes autoritaires et la misère des peuples soumis à un féroce contrôle policier sont remarquables de réalisme. L'enfant à la chevelure blonde, celle héritée de sa maman bretonne, n'est présent qu'en tant qu'observateur faussement naïf. 


En réalité, c'est le père de Riad qui attire toute l'attention. Ambitieux mais peureux, il est tellement symptomatique d'un monde arabe en partie partagé au début des années 1980 par l'appel à la modernité et déjà la force des traditions, notamment religieuses.


Commencé après le "Printemps arabe", en 2011, on attend avec grande impatience les deux prochains tomes pour saisir en reportage dessiné les turbulences de sociétés déchirées par la Guerre froide et depuis la Première Guerre du Golfe en 1991 par les nouvelles conflictualités.


L'Arabe du futur, (1978-1984), Allary éditions, mai 2014, 20.90 €.


Mourad Haddak

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