Richard Meier : un prince

Grâce à Richard Meier Don Juan trouve à dire à Juliette que la femme est le plus bel Alpha de Roméo : celui qui couronne le mémoire de Dieu par l’esthétique selon – et entre autres – un rond dans l’eau – fleur sage et bouton d’or. Il est vrai que l’auteur sait parler aux femmes et à ceux qui les accompagnent.
Et lorsqu’il n’est pas compris il joint l’image à la parole en danse typogramme quitte à faire un scénario en carton grossier mais sans besoin de souffleur. Pour l’auteur, même compromis par Judas, le baiser n’en constitue pas moins un pont sûr. Et Meier en appelle aux corps des amoureux qu’il évoque en des flèches. Elles ne gardent de la lascivité que la sueur et le chant des lettres.
Chez lui tout est incisif en petits méandres et lignes discontinues au milieu des sémaphores féminins. D’un rond dans l’eau du livre l’artiste puise pour rappeler que l’amour est tout ce que l’humain a pu tirer d’un péché originel. Afin de le prouver il transforme une nuit d’encre en une constellation de lumières.
Nul ne sait chez lui – lorsqu’une femme affirme n’avoir jamais trompé son mari – si elle le dit en toute fierté ou à regret. Ne serait-ce pas la preuve que, si la femme n’existait pas, la rose serait la plus belle fleur ? En tout état de cause il ne discrimine l’époux. Ni ses parasites. Dans leurs veines court du sang humain et qu’importe si dans de tels livres l’œil ne suit plus la conversation. Il a d’autres chas où entrer.

Jean-Paul Gavard-Perret

Richard Meier, Un œil pour les yeux, Voix éditions, janvier 2022, non paginé, 17€

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