Richard Millet & les égouts de Paris

Richard Millet retourne dans l’arène, lui aussi, à sa manière il met sa peau sur la table, écrivain maudit par certains, vénéré par d’autres, reconnaissons-lui sa franchise, la pertinence de ses analyses, la qualité de son écriture et sa grande érudition ; finalement toute les qualités qui manquent tant à nos écrivaillons germanopratains englués dans la pensée unique et la haine de soi… 

Lieu commun, passage obligé pour des millions de gens, le RER, dont on ne sait même plus ce que signifie ces trois lettres, gouffre profond où le déni conduit des populations à se croiser sans se voir, à oublier leur âme dans la dématérialisation de leur corps devenu un produit déplacé, expulsé, après usage.
L'usager est un robot qui transite d'un point à un autre, et qui en oublie la réalité. Et de cette amnésie provoquée déboule la cancel culture qui renverse les codes.
Car quelle hérésie tout de même que cet Arsène Lupin noir incarné par Omar Sy (lequel, comme tout amoureux de la France vit aux USA) dans la droite ligne de la réécriture de l’Histoire et de ses œuvres principales, mais qui peut sérieusement abonder dans ce sens ? Ce n’est pas un Omar Sy qui nous fera expier, ni ceux qui le promeuvent ; pas lui, non plus, qui sauvera la vieille nation française, non plus Slimani et consorts notre langue, contrairement à ce que braie la propagande qui rejoint l’universalité de la Bêtise qui enrageait Flaubert, Bloy, Bernanos.
Voilà, le mot est écrit : bêtise. Oui, bêtise, idiotie, crétinerie que cette mode du sacrilège de toucher aux œuvres passées pour les transformer à l’aune de la pensée unique : Les dix petits nègres, Autant en emporte le vent, Les Aristochats… sont indémodables et surtout intouchables ! Voici venu le temps des langes faméliques, des styles anorexiques, d’une littérature sans langue et d’un cinéma sans écriture… L’entreprise de démolition tourne à plein régime. 

Et dans ce cloaque culturel en ébullition qui célèbre sa propre mort, un lieu cristallise le délitement : Châtelet-Les Halles, la plus grande plateforme d’Europe avec ses deux RER et ses cinq lignes de métros qui se croisent et qui est devenu Châtelet-Haram tant Richard Millet se sent seul au milieu de cette foule bigarrée, renfermée, agressive… Le voici en minorité sur son propre sol : le statut de minorité est particulièrement enviable, aujourd’hui, dans les sociétés où le victimisme a remplacé le dolorisme catholique et les quotas raciaux et sexuels le mérite personnel. En préférant la couleur à l’universalité du mérite, la discrimination positive est le surgeon racialiste inversé de l’idéologie nazie en terre "démocratique". 

Quel projet d’avenir pour notre société si l’on accepte de vivre comme des fourmis, entassés, exploités, méprisés, tous identiquement – mal – traités par les instances dirigeantes qui ne décident qu’en fonction du ratio d’endettement car, le quoi qu’il en coûte est en réalité le quoi qu’il vous en coûte ; ainsi ce sera bien le peuple qui va rembourser cette folie sanitaire, enfin le peuple c’est beaucoup dire quand on s’arrête un instant et que l’on observe, comme le fait Richard Millet, cette faune qui transite à Châtelet : conglomérat liquide, en lieu et place d’un peuple quasi liquidé dans l’impossible digestion d’éléments rendus hétérogènes par le refus de l’assimilation "républicaine", panique cellulaire, métastases avancées, qui font se côtoyer Négresses blondes et Blancs à dreadlocks, faux clandestins, prédateurs sexuels, jeunes filles aux cheveux bleus ou orange, Noirs d’Afrique et métis des Antilles, Pakistanais, Tamouls, Maghrébins, Égyptiens, Kurdes, Comoriens, Érythréens, "mineurs isolés" trentenaires, Malgaches à faux col, Maltais sans faucon, Asiatiques pressés […] Turc inconsolable de la fin de l’Empire ottoman, suprématistes "afro-français", authentiques Français se chamaillant en verlan, deux clochards et leur version rajeunie en SDF connectés, punk écrêté […]
Hé oui, le ventre de Paris n’a plus de visage, son peuple pas plus et cela ne dérange personne sauf les étrangers qui ne reconnaissent plus le Français, cet objet mythique produit d’un équilibre millénaire entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, et dont la langue, si chérie au-delà de nos frontières, apprise par des passionnées, avait fini par donner aux visages ce je-ne-sais-quoi qui distinguait le Français des autres…  

Le concept woke importé – comme toutes les mauvaises idées – des USA ne peut pas fonctionner en France, le multiculturel n’est pas notre ADN, l’immigration de masse ne peut pas s’intégrer et encore moins s’assimiler d’autant plus qu’elle ne le souhaite pas. Les sociétés anglo-saxonnes sont construites sur une superposition de strates ethniques, culturelles, religieuses, et chacun vit dans sa communauté. En France, il n’y a qu’une seule communauté que vous devez impérativement faire votre. On s’assimile, on devient Français parce que l’on adhère à nos valeurs. On ne peut pas imposer les valeurs d’ailleurs sur notre sol. Cela ne fonctionne pas, n’a jamais fonctionné et ne fonctionnera pas… D’où des lendemains critiques à attendre si l’on continue à nier l’exception française ! 
Et cela commence par la langue : pour vivre en France, on parle français ! Or, depuis des décennies – je me rappelle d’un premier article publié à la fin de mon adolescence, une lettre ouverte dans Nice-Matin à Michel Rocard, Premier ministre, qui envisageait de réformer l’orthographe au prétexte que les étrangers avaient du mal, avec farmacie comme exemple ; les étrangers avaient du mal ? Jamais je n’ai vu un si beau français que chez les Libanais ou les Sénégalais – ainsi le système scolaire actuel dénie l’orthographe jugée discriminante, mais on raffole de l’écriture inclusive (sic) ; alors les mots deviennent incertains, la syntaxe s’ensuit et la langue dérive… Et avec elle la population qui ne se comprend plus et alors se met en place le spectre de la guerre civile ; laquelle a déjà débuté de manière rampante, lascive, dans un quotidien chaque jour abandonné aux caïds, à la racaille, aux pratiques religieuses d’un autre temps. 

Alors un geste divin pour remettre les pendules à l’heure ?
Et si le coronavirus était une sorte de signal d’alarme lancé par Dieu, la Nature ou ce que vous voulez y voir, mais un signal, une alerte à ne pas continuer ainsi ; c’est le concept philosophique que Richard Millet développe dans la seconde partie, une approche glaciale de la réalité, un projet littéraire au même titre que le précédent éloge qui lui valurent les foudres de certains de ses pairs et l’abandon de son éditeur, le courageux Gallimard.  
Voici un texte précis qui analyse à froid les causes et les conséquences de cette crise qui ravie les maîtres du monde qui n’ont pu s’empêcher, à Davos, de souligner qu’il fallait se servir de l’opportunité de la Covid-19 pour changer le monde ; entendez par là accroître la mainmise sur les ressources, imposer des protocoles de contrôle de la population sous couvert de son bien-être : qui va encore croire que les données sont protégées quand vous allez vous livrer via l’application Stop-Covid à Big Brother qui va stocker et analyser votre vie de A à Z ? 
La naissance est un parcours vers la mort, alors que cela soit de la Covid-19 ou d’autre chose, au nom de quoi, de qui, on se permet d’enfermer des pays entiers sous cloche pour sauver quelques vieux au seuil du trépas, enfermés dans des mouroirs côtés en bourse ? Le coronavirus est une aubaine pour le capitalisme sauvage, il n’y a qu’à lire l’ouvrage de Xavier Bazin pour comprendre pourquoi on a interdit les traitements pour ne favoriser que le vaccin ; lequel Astra a failli emporter une amie galeriste en pleine santé (phlébite et trombose), mais tout va bien madame la Marquise, tout va très bien… 

 

 

François Xavier 

 

Richard Millet, Paris bas-ventre – Le RER comme principe évacuateur du peuple français suivi de Éloge du coronavirus, coll. Dans l’arène, La Nouvelle Librairie éditions, avril 2021, 110 p.-, 11,90 € 

 

 

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