La délirante Autobiographie de la Mort

Extraordinaire roman que celui de la Mort, non pas tel qu'imaginé par les esprits chagrins, mais racontée par elle-même. Née d'une petite montagne appelée "Pêchée" et de Satan, qui profita d'un moment d'inattention pour lui sauter dessus, la Mort est comme un petit Prince aux enfers, heureux de voir ses oncles écrabouiller des diablotins ou de se plonger dans quelque néant pour s'y détendre. Puis, Dieu, qui s'ennuyait au Paradis, créé la Terre, sur laquelle la petite famille satanique parvient à s'infiltrer pour y exercer ses talents. Alors que Satan explique aux tyrannosaures que les autres animaux sont meilleurs que les légumes, alors que Pêchée incite les écureuils à se jalouser les uns les autres, la Mort rencontre son destin : détacher les âmes des corps inertes.

A partir de ce moment, l'insatiable Mort parcourt son domaine et exerce son ministère. La Mort va jusqu'à négocier avec Dieu qui finissait par en avoir un peu marre de ces sottes créatures, et après avoir négocié que le Déluge conserve la plupart des créatures en vie parc qu'un vrai Déluge lui aurait fait trop de travail : 

- oh ! bon, très bien. J'annule. Mais... et Noé, alors ?
- Quoi, Noé ?
- Il avait l'air tellement content que Je lui ai annoncé que le Déluge allait s'abattre sur la Terre et qu'il serait le seul à être sauvé. Il n'arrêtait pas de Me répéter qu'il allait enfin pouvoir se débarrasser de Mme Noé et de ses fils ingrats.
- Je vois.
- Quand est-il censé mourir ?
Je jetai un oeil dans le Livre de la Fin.
- Pas avant quelques années.
- Est-ce qu'on peut faire une exception ?
- Mais c'est Vous, ô Excellence Seigneur Dieu, qui m'avez dit que le Livre de la Fin était irrévocable. 
- J'ai dit ça, Moi ? Je raconte vraiment n'importe quoi !
- Peut-être pourrions-nous organiser un faux Déluge, ajoutai-je sous le coup d'une soudaine inspiration. Qu'est-ce que Vous en pensez ?
- Je pense que c'est une idée merveilleuse. Je suis bien content de l'avoir eue", tonna Dieu.

Tout est à l’encan  toute l'histoire de l'Humanité et des croyances jusqu'au Jugement Dernier. Complètement iconoclaste et aussi déjanté qu'intelligent, l'Autobiographie de la Mort promet de grands moments d'une lecture jubilatoire comme seuls les anglos-axons peuvent les proposer

Loïc Di Stefano

Autobiographie de la Mort, propos recueillis par George Pendle, traduit de l'anglais Karine Chaunac, Rivages, "Rivages poche - Bibliothèque étrangère", janvier 2013, 408 pages, 9,65 euros

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