Les derniers jours du Condor, (James Grady, le retour)





James Grady

Les derniers jours du Condor.

 

Parce que c’est bientôt la rentrée littéraire, j’ai lu en SP, en avance et avec l’attention d’un écrivain de romans d’espionnage, Les derniers jours du Condor de James Grady.

Avant d’en parler, rappelons qu’il fut l’auteur du mythique Les six jours du Condor que Sydney Pollack adapta en un brillant film intitulé les trois jours du Condor avec Robert Redford et Faye Dunaway.

 La trame y était un sujet récurent du genre, le travail psychologique du doute qui fait de la victime, personnage central de l’action, le suspect principal autour d’un montage d’un service d’espionnage passé à l’ennemi.

 Je n’avais pas lu ce premier livre, parce que j’avais vu la réalisation de Pollack devenue un incontournable de toute bibliothèque de cinéphiles, et ne peux donc en parler. Idem de la poignée de ses autres romans, bien que Grady ait peu publié.

Les derniers jours du Condor est donc son premier livre depuis 2006.

 De là à en faire le roi du roman d’espionnage, écrit sur le bandeau rouge du roman, ce serait oublier un peu trop vite quelques-uns de ses confrères américains qui ont bien plus écrit que lui, Ludlum, Littell ou bien Clancy, sans parler des MacCarry, ou, plus commercial les nombreux Cussler et autres grosses productions. Quand on sort des États-Unis, donc du centre du monde, il y a Le Carré, Deighton, Fleming et Green, pour ne parler que des plus grands. En France, comment comparer un Grady avec Volkoff ou Percy Kemp ?

 J’ai donc retiré le bandeau rouge.

 Le sourire revenu, je me suis attaqué aux 377 pages en grammage élégant, celui que je demande à mon éditeur, un rien bouffant, un peu crème, le plaisir de l’amoureux du papier imprimé.

 Ah, j’allais oublier que le Washington Post a osé écrire que le roman faisait penser à Desolation Row de Bob Dylan, et ça, je ne le dirai pas à mon épouse, qui possède toutes les versions de cette chanson, même en chants de Noël.

 Je l’ai lu à l’ombre d’un magnifique soleil, allongé sur une chaise longue, le cigare paresseux et ce sourire gourmand du vacancier qui va passer un bon moment, ce qui est la preuve imparable que j’étais enthousiaste au commencement de cette lecture.

 Jusqu’à la page 64, on y lit le retour d’un ancien espion à son domicile – le détail de « quelque chose papillonnant…parce que la feuille du jour papillonna jusqu’au pied de porte » reste impressionnante d’angoisse -  mais aussi qu’il est suivi par une voiture blanche (mais, bordel de bordel, monsieur le correcteur, vous n’avez pas remarqué que « voiture blanche » répété sans cesse pousse le lecteur à bousiller le pare-brise de sa voisine parce qu’elle a choisi cette couleur pour son nouveau cabriolet ?), ensuite vient la visite de ses contrôleur et contrôleuse, cette dernière aimant, après « que son ESDF409 soit parti dans le cyber-éther comme une balle tirée dans le noir », se faire attacher avec la cravate de son amant après avoir rejoint sa chambre à quatre pattes « et il l’embrassa oh et elle répondit à son baiser ». L’italique étant un travail pointu d’érotisme torride. Bon je ne vous cache pas que les oh oui, ton gros oui oui appuie oh oui ! m’ont laissé hilare, à faire rappliquer la maisonnée pour que je leur lise le passage.

 Là, nous étions dans la préparation psychologique du lecteur. J’avoue que je n’étais pas encore prêt.

 Mais, c’est à la page 81 que Vin, l’ancien Condor dont la paranoïa ne tient pas un demi-chapitre, rentre à nouveau à son domicile, pour n’y pas trouver la brune qui fait oh, ni le méchant qui devrait faire ha, mais un « cadavre à la bouche ouverte, aux joues poisseuses, aux yeux énucléés, réduits à deux cavités sombres et sanguinolentes, écoulement de ses larmes écarlates toutes fraîches ».

 Il ne manque rien, là, sauf que je me demandai, de façon subreptice et quasi inadverte quitte à appeler mon épouse pour vérifier, si le type décrit ainsi vivait encore, parce que la bonne blague potache des larmes écarlates toutes fraîchement peintes à la sauce tomate aurait aussi fait un effet bœuf.

 Ensuite (page 120) vient la poursuite « d’un type qui va devoir vendre chèrement sa peau ».

Voilà. Le reste ne m’a pas fait rechercher le bandeau rouge jeté dans la corbeille de la cuisine.

Pou conclure, je vous demanderai de bien vouloir corriger de vous-même mon introduction : je dirai, plus simplement, que James Grady est l’auteur du roman adapté par le génial Sydney Pollack, dans le mythique film « Les trois jours du Condor », et ça, c’est énorme, déjà.


Patrick de Friberg

 

Éditeur : Rivages (30 septembre 2015)

ISBN-10: 2743633336

ISBN-13: 978-2743633332

 

 

 

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