La blonde au coin de la rue, une virée avec David Goodis
Le mythe Goodis
David Goodis est un auteur de romans qui a eu la chance d’être adapté par les plus grands réalisateurs du cinéma : Cauchemar par Delmer Daves sous le titre Les passagers de la nuit, Nightfall bénéficie quant à lui des soins de Jacques Tourneur ; n’oublions pas pour finir le remarquable Tirez pas sur le pianiste de François Truffaut. David Goodis est aussi une légende du roman noir américain, qui a donné lieu à une enquête passionnante de Philippe Garnier. Publiée très tôt à la Série noire, l’œuvre de Goodis a été rééditée avec des traductions remaniées par Rivages sous l’égide de François Guérif. La blonde au coin de la rue, inédit publié en 1986, bénéficie là d’une réédition.
Jeunes désœuvrés
Ralph vient d’avoir trente ans. Toujours chez ses parents, il n’a pas de travail et à vrai dire, il n’en cherche pas. Il traîne avec ses copains George, Ken et Dingo, avec lesquels il joue au billard et passe le temps. Dingo passe son temps à leur chercher des filles, Ken écrit des chansons et espère un jour décrocher la timbale… Ralph croise un soir une blonde bien en chair, opulente, plus vieille que lui. Elle le drague, il la fuit. Ralph préfère traîner avec ses amis. Mais cette blonde va se retrouver sur son chemin, inexorablement…
Fatalité
La blonde au coin de la rue n’est pas à première vue un chef d’œuvre caché de David Goodis. Le roman abonde en notations sociologiques assez dépassées sur la jeunesse américaine et souffre peut-être de dialogues abondants. Reste qu’il est typique des ambiances qu’affectionne Goodis, de ce destin qui pèse sur des personnages qui nous ressemblent beaucoup, de ce fatum qui dès le début les condamne à une dérive existentielle dont l’issue est rarement positive. Le désespoir transpire de ces pages, cher lecteur, un désespoir tranquille… On a finalement envie de boire un verre avec Goodis en terminant ce roman. Goodbye, pal.
Sylvain Bonnet
David Goodis, La blonde au coin de la rue, traduit de l’anglais par Jean-Paul Gratias, Rivages, novembre 2016, 240 pages, 7 €
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