La nuit du hibou

Un homme disparaît, son frère le recherche. Avocat dans une grande ville, le voilà dans un village perdu. Situé à la lisière d’une forêt, il survit depuis que la majorité de ses habitants sont partis. Un centre de recherche sur la vie de la forêt ayant fermé. Mais ladite doit être gardée. Un poste au turn over affiché en forte croissance…
La forêt est souvent interdite au public. Mais qui s’en soucie ? Sauf que l’avocat pose des questions. Trop de questions à tous les commerçants. Tout comme son frère s’était répandu au sujet du tabou qui cimente les habitants. Château de cartes bâtit sur des non-dits. Des silences. Des combines… Une fin somme toute logique. Mais le polar n’est pas jugé sur sa fin. Qu’importe le chemin, c’est le voyage qui compte. Et ici l’art de Hye-young Pyun s’impose dans la qualité des descriptions. L’atmosphère cinématographique qu’elle dépeint. Dès les premières lignes on voit le cadre. On devine les échoppes, les habitants. La forêt se dessine, la cabane grandit derrière le brouillard, le vent, la musique de la nature… Et l’alcool qui serpente dans les vies. Brûle les âmes. Contrevient aux destinés. Une culture de l’instant, une expérience d’absolu dans la quête d’un désir inespéré. Enfermé dans ce village, ses habitants sont solidaires par force. Par survie. Quitte à franchir le Rubicon.

Annabelle Hautecontre

Hye-young Pyun, La nuit du hibou, traduit du coréen par Lee Tae-yeon et Pascale Roux, coll. Noir, Rivages, juin 2022, 300 p.-, 22 €

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.