Rodia Bayginot, Claire et Philippe Ordioni : les belles de cas d’X

De nouveau le trio s’en donne à corps joie. « Déesses antiques, divas inter-genres, mégères apprivoisées, actrices à la jambe de bois, Blanches-Neiges et charmeuses de serpents ? Autant d'archétypes resucés puis déclinés au piment demoiselle, aux sagas légendaires et au Prix Citron ». Bref le rouge est mis. « Les haut-perché-e-s » claquent non des dents mais des talons hauts afin de provoquer par leur altitude un effet d’abîme. Ce n’est pas la fin du monde mais une mise en scène d’un grand bazar. Les femmes entre deux âges mais pas forcément au milieu jouent de leurs appâts non rances. Si bien que certains monothéismes pourraient les craindre. Car le plaisir est toujours difficile à avaler lorsque les dragées sont hautes.

Chaque pièce crée un début du jour plus que la fin de la nuit. Ce qui n’enlève donc rien la question : que faire avec un corps ? Car voici le corps. Que peut-il faire, que peut-il donner encore ? Du plaisir sans doute mais pas forcément celui que le voyeur attend. Le trio infernal a mieux à faire. Et surtout n’envisage pas de les "monumentaliser". L’ensemble est volontairement instable : il évolue au gré des imaginaires en torsade des trois irréguliers de l’art.
Jean-Paul Gavard-Perret
Rodia Bayginot, Claire et Philippe Ordioni, "Emergences Baroques", Le Non Lieu, Marseille, à partir du 6 décembre 2016.
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