Roland Barthes et le XIXe siècle

Pourquoi trouvons-nous autant de références au XIXe siècle dans le travail critique de Roland Barthes ? Vaste question qui demanda l’intervention d’un collège de professeurs pour nous dresser un panorama complet du rapport particulier qu’entretient Barthes avec le XIXe siècle. Notamment vis-à-vis de la littérature. Mais aussi de la musique, de son histoire.
Et de sa philosophie !

Ainsi, cette vaste enquête littéraire nous proposera-t-elle de décrypter Barthes à l’angle des œuvres de Flaubert, Baudelaire, Michelet, Balzac, Stendhal, Zola… Autant de focales que Loti ou Bloy voire Poe vont ouvrir pour tenter de chasser les évidences… à commencer par la bêtise qui colle à ce siècle, en comparaison avec le précédent.
L’intelligence que l’on prête au XVIIIe siècle et que l’on refuse au XIXe participe en général d’une mythologie réactionnaire, maurassienne, dira Barthes en 1970…

Et si Roland Barthes voyait le XIXe siècle sous le prisme romantique et positif ? Un romantisme décrié – coupable d’idéal, de pensée organiciste de l’histoire – et un positivisme nié – son scientisme viscéral, sa confiance benoîte – font que les idéologies en présences se muent en cosmogonies bien pensantes.
Car, aujourd’hui, alors que l’Histoire est de nouveau au rendez-vous des débats intellectuels, on pourrait pester contre les contorsions auxquelles Barthes se prêta parfois pour essayer de la rejeter. Afin d’asseoir la prophylaxie de son site opératoire. Une manière d’imposer son champ critique. Lequel, trente-cinq ans après, n’a pas manqué de changer.
Revanche du tremblement de temps, comme aurait dit Chateaubriand.

Annabelle Hautecontre

Mathilde Labbé & José-Luis Diaz (sous la direction de), Les XIXes siècles de Roland Barthes, Les Impressions Nouvelles, septembre 2019, 272 p.-, 23 €

Aucun commentaire pour ce contenu.