Roland Sénéca : l'envers et l'endroit

Roland Sénéca ne cherche jamais l’aigreur de l’obscur. Les corps ou leurs fragments barattés de boutures nocturnes organisent une circulation plus sanguine (sang d’encre des taches) que vinaigrée par la visée des mots.
Chaque texte bâtit de l’existence pour que les linceuls des dessins adjacents ne puissent retisser les choses dites. Le tout selon un rite sensoriel puissant rempli d’abats et de glandes.

Les dessins et leur à-côté verbaux proposent une suite de concrétions qui se répondent. Les deux sont conçus à partir d’une réalité qui travaille l’artiste et écrivain.

Ses sensations affectives qui créent le narratif des dessins et des poèmes de ce livre ont été ressassés longuement par le cerveau. Ils en giclent sous forme de bouillonnements sourds.

Les ombres s’y répondent. Elles semblent marcher les unes sur ou contre  les autres en montant au besoin sur leur cadavre. Perdurent comme toujours chez Sénéca des entrelacs de ventres et des espaces mentaux soumis on ne sait à quel obésité ou torture. La chair – quoique annihilée en partie par le noir et le gris – frémit sous divers types de tortures ou de masques.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Roland Sénéca, Que les vents m’emportent, Fata Morgana, mars 2022, 88 p., 19 €

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