Lilian Auzas ose, avec talent et réussite, le roman de Leni "Riefenstahl"

Prenez une femme au destin extraordinaire, qui fut connue à la fois pour être l'égérie d'Adolf Hitler, celle qui inventa pour lui des prises de vue cinématographiques propres à soulever les foules, qui fut la photographe des stars du Rock, qui fut la plus grande photographe de l'Afrique noire... bref, celle qui, comme elle le dit elle-même dans ses Mémoires, eut cinq vie. Cette femme, retirez lui tout ce qui fait sa légende, il ne reste que la femme, non plus un personnage mais une femme qui a sans cesse combattu pour s'inventer et se réinventer. C'est cette femme, Leni Riefenstahl (1902-2003) que Lilian Auzas met en roman.

De la petite danseuse qui espérait avoir un destin à cette grande figure de l'art du XXe siècle, Lilian Auzas n'épargne rien au lecteur. On plonge dans ses craintes, ses désirs, ses compromissions. Car ce n'est pas une hagiographie, même si l'on sent bien la fascination exercée par le sujet sur son auteur qui cherche à faire vivre son personnage, à tenter de comprendre ses choix sans jamais les lui reprocher. C'est le parcours d'une vie et des ressorts secrets qui lui on donné la force de mettre son art et son envie d'exister avant la machine monstrueuse qu'elle servait. Et, tout en laissant le lecteur s'interroger sur la fascination que peut exercer une telle vie, Lilian Auzas se pose en gardien du temple. Oui, il y a le Mal, oui, mais. Dans ce mais, toute la littérature. 


Loïc Di Stefano


Lilian Auzas, Riefenstahl, Léo Scheer, août 2012, 229 pages, 16 euros

Lire en complément l'entretien accordé par Lilian Auzas à Loïc Di Stefano

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5 commentaires

Pas de mais, pas de littérature. Un texte d'étudiant, mal défini, mal écrit, bourré d'erreurs historiques. Absolument incompréhensible que l'on puisse publier cela.

Bonjour Plutarque, merci de votre commentaire, qui va à l'encontre de tout ce qu'on a pu lire sur ce livre mais cela ne vous donne pas pour autant tort. Avez-vous envisagé qu'il s'agissait d'un roman sur Léni, par un  passionné, et non pas une thèse ? qui plus est d'un premier roman.

Bonjour Loïc,
Un premier roman n'autorise pas d'écrire n'importe quoi n'importe comment. Mais il est vrai qu'aujourd'hui cela ne choque plus personne qu'un éditeur publie un auteur ne maîtrisant ni sa langue ni son histoire. La passion n'excuse pas tout. Et s'il faut lire des thèses pour trouver un français correct et des référence historiques qui ne soient pas hasardeuses, cela en dit long sur l'état de la littérature française.
Mais je suis encore plus désolé, je crois, des critiques positives que l'on trouve dans la presse. Tout cela sent une fois de plus le copinage à plein nez. Voici une analyse plus objective de cet ouvrage:
http://www.ahnne-et-petel.fr/article-riefenstahl-lilian-auzas-editions-leo-scheer-109929250.html

Bonjour Plutarque, 

Pour ma part point de copinage, j'ai trouvé ce texte suffisant à lui seul. L'auteur, que j'ai rencontré depuis,  me signale par ailleurs avec reçu deux courriers d'éminents historiens pour le "remercier" de son livre. Je ne suis pas spécialiste de cette période, ni d'Histoire en général, mais j'ai lu cela comme un roman. Si l'on devait tout juger à l'aune de la vérité historique (et de quel côté des Pyrénées, pour reprendre l'adage ?), il faudrait faire beaucoup de ménage dans nos bibliothèques.
L'article auquel vous renvoyez est très bon, et s'il n'adopte pas en effet le point de vue "commun", je le trouve intelligent. Mais où sont les critiques historiques que vous indiquiez ? de toute façon, ne passeraient-elles pas la licence romanesque ?
En tout cas merci, il est toujours utile au débat d'avoir des points de vue discordants défendus avec intelligence

Re-bonjour,
Il ne s'agit pas tant de vérité historique que de crédibilité. Ainsi, je ne vois aucun inconvénient à romancer la vie de Léni Riefenstahl, mais il faut que l'arrière-plan historique tienne la route. Je n'ai pas l'ouvrage sous les yeux à cet instant, mais de mémoire je peux citer certains problèmes à mes yeux. Par exemple, il ne me semble pas que beaucoup de SS chantaient le Horst Weesel Lied en 1933 dans les rues de Berlin; il devait s'agir des SA. Et Léni Riefenstahl portait-elle vraiment un uniforme de SA pendant la campane de Pologne, 5 ans après la nuit des longs couteaux ? Peut-être, mais c'est curieux. Par ailleurs, l'avion utilisé par Hitler pendant sa campagne de 1932 et qu'il met à disposition de Léni Riefenstahl était-il vraiment décoré d'une svastika ? N'y a-t-il pas confusion avec le Junker qui le transportera plus tard alors qu'il sera au pouvoir ? Plus préoccupant, l'auteur nous dit que pour financer son nouveau film, Léni Riefenstahl s'en va à Berlin et traverse un pays dévasté, hanté par la crainte de la défaite. Or, si l'on en croit le roman, cela se passe après la campagne de France et pendant la production du Juif Süss: Nous sommes donc en 1940, point encore de défaite à l'horizon, ni de bombardements massifs qui ont réellement commencés en 1942. Voilà ce qui entre autres m'a gêné, mais peut-être me trompè-je car je ne suis pas non plus historien spécialiste de cette période.
Merci également à vous, j'ai eu moi aussi du plaisir à échanger nos avis.