"Le magasin des suicides" de Jean Teulé - Vous n'en reviendrez pas!

Imaginez un monde rongé par la dépression, où plus rien ne va, où les perspectives d’avenir sont nulles. Auriez-vous envie de continuer à vivre dans ce monde ? Si la réponse est non, une solution s’offre à vous : le magasin des suicides où dix générations de Tuvache se sont succédées pour vous permettre de réussir votre mort. Comme le vante leur slogan : «Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort ! ». On y trouve tout ce qui faut effectivement pour se suicider efficacement : cordes avec nœud coulant, parpaings, poisons divers et variés, bonbons au cyanure pour les enfants et même le nécessaire pour le Seppuku (1). Il y en a pour tous les goûts et tous les styles mais une chose est sûre, c’est que vous n’y reviendrez pas ! Au milieu de tout cet attirail morbide, il y a la famille Tuvache, des commerçants dans l’âme qui soigne l’accueil : mine sombre, conseils avisés et adieu monsieur. Mishima (2), le père, ne badine pas avec l’héritage et les valeurs familiales et Lucrèce, la mère, fait des poisons comme personne. Et leurs enfants, Vincent et Marilyn assurent la relève : le premier est un artiste torturé et anorexique tandis que la deuxième est la réplique caricaturale de l’ado mal dans sa peau. Une famille normale qui prospère donc dans la tristesse et l’humeur sombre jusqu’au jour où les parents ont la mauvaise idée d’essayer la marchandise à savoir une capote trouée. Résultat : le petit dernier, Alan, qui incarne la joie de vivre et qui va semer la zizanie.

 

Dans Le magasin des suicides, Jean Teulé aborde un sujet qui reste tabou, le suicide, mais il décide d’en rire ce qui est peu commun. Certains pourraient le taxer d’irrespect et être outré par la légèreté avec laquelle il traite d’un sujet aussi grave. Ce serait une erreur de s’arrêter à cela car finalement, au milieu de cette atmosphère aussi déprimante que drôle, il y a Alan. Ce dernier représente la joie de vivre, l’espoir et l’optimisme et va bouleverser grâce à ces qualités, le monde qui l’entoure. Le message est donc positif bien que le final soit inattendu (quoique).

 

Il ne reste donc plus qu’à aller voir l’adaptation qu’en à fait Patrice Leconte et qui sort le 26 septembre. Un film d’animation qui permet d’adapter l’atmosphère particulière du roman sans virer au glauque d’un film en prise de vue réelle, un écueil que craignait Patrice Leconte. La  bande annonce en tout cas, n’est pas sans rappeler les dessins crayonnés des triplettes de Belleville. Il faudra aller le voir pour achever se faire une opinion : rendez-vous dans les salles, la semaine prochaine.

 

 Julie Lecanu

 

Jean Teulé,  Le Magasin des suicides, Pocket, mai 2012 (réédition de mars 2008), 160 pages, 5,20 euros.

 

(1)      Le seppuku, littéralement "coupure au ventre" ou hara-kiri est une forme rituelle de suicide masculin par éventration apparue au Japon vers le XIIe siècle dans la classe des samouraïs.

 

(2)       On notera que tous les membres de la famille portent des prénoms de suicidés célèbres.

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.