"Nature morte" de Louise Penny - un polar au rythme québécois

Un dimanche d’automne, le jour se lève sur le charmant village québécois de Three Pines. Un village sans histoire où tout le monde se connaît et où personne ne songerait à verrouiller sa porte le soir venu. Mais la découverte dans les bois du corps de Jane Neal, l’ancienne institutrice du village, une flèche plantée dans le cœur, va bouleverser le train-train de la petite communauté. Qui pourrait en vouloir à cette charmante vieille dame, peintre à ses heures, qui a vu grandir tous les enfants du village et qui s’occupait de l’association des femmes de l’église anglicane ? C’est à cette question que l’inspecteur Gamache et son équipe vont devoir essayer de répondre. Pour cela, ils vont plonger dans l’univers particulier du petit village et dévoiler les secrets de ses habitants qui n’ont en apparence rien à cacher.

 

Nature morte tient à la fois d’un roman d’Agatha Christie et des enquêtes de l’inspecteur Barnaby. Dès le début, chaque personnage apparaît comme un suspect potentiel : certains ont des mobiles clairement établis, pour d’autres, on sent qu’il va falloir creuser un peu avant de trouver. On se doute bien que le meurtrier fait partie de cette catégorie pour maintenir le suspens. Cela est d’autant plus indispensable que l’intrigue repose moins sur des rebondissements en série que sur la psychologie des différents personnages qui évoluent autour de l’inspecteur Gamache et de son équipe. Un inspecteur expérimenté agissant avec délicatesse pour découvrir les secrets de personnages hauts en couleur et attachants comme Myrna, la seule noire du village, le couple d’homosexuels, Olivier et Gabri, qui ne sont pas sans rappeler Renato et Albin dans la cage aux folles, Ruth et ses sarcasmes, Clara et Peter, le couple à la relation si particulière. On se laisse donc bercer par ces personnages et par cette ambiance un peu hors du temps. Une seule relation développée au cours du récit interpelle : celle de l’inspecteur Gamache et de la toute jeune inspectrice Yvette Nichols dont on a du mal à déterminer les tenants et les aboutissants à moins qu’elle ne soit développée dans un roman ultérieurement. On suit également avec amusement les différentes réflexions sur l’antagonisme du Québec oscillant entre francophonie et anglophonie, un antagonisme récemment remis au goût du jour avec l’élection de Pauline Marois, à la tête du parti indépendantiste- le parti Québécois - au poste de premier ministre du Québec.

 

En tout cas on s’attache au personnage de l’inspecteur Gamache et aux habitants de Three Pines plus qu’à l’intrigue qui reste sous-jacente. Des personnages que l’on se plaira à retrouver dans les deux autres romans de Louise Penny, Sous la glace et Le mois le plus cruel parus chez Actes Sud.

 

 

Julie Lecanu

 

Louise Penny, Nature morte, traduit de l’anglais par Michel Saint-Germain, Actes sud, "Babel noir", septembre 2012, 447 pages, 9,70 euros

 

A lire également l'article sur la quatrième enquête de l'inspecteur Gamache :  Défense de tuer.

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