Celui qui pourrissait

 Né en 1945 à Liège, Jean-Pierre Bours avait été révélé en 1977 par un recueil de nouvelles fantastiques, qui lui valut le prix Jean Ray. Trente-cinq ans plus tard, avocat retraité, il voit son livre réédité dans L’Arbre à clous, une jolie collection des éditions de l’Arbre vengeur dédiée aux « bonnes feuilles belges » et dirigée par un fin connaisseur, Liégeois lui aussi, Frédéric Saenen. 

Celui qui pourrissait réunit dix textes ciselés avec soin et d’une grande singularité, qui illustrent nombre de spécificités de la littérature belge (ou française de Belgique, selon les écoles), et en particulier la littérature fantastique, trop longtemps cantonnée dans ce que les experts nomment paralittérature, comme si le sens du mystère, la confusion savamment entretenue entre le visible et l’invisible n’appartenaient pas à la littérature dite « sérieuse ». Les dogmes de l’éducation classique, l’égocentrisme et le peu de curiosité réelle des critiques germanopratins ou assimilés, l’incompréhension butée face à la part germanique (ou hispanique) de notre littérature peuvent jouer le rôle d’obstacles dans la compréhension d’une œuvre d’art… 

Rédigés dans une langue soignée aux allusions décadentistes, les récits de Bours entraînent leur lecteur dans des jeux parfois pervers, souvent inattendus, où le mystère bascule dans l’horreur, comme dans « Le Peuple nu », sans doute l’une des plus effrayantes nouvelles des lettres contemporaines.

 

Christopher Gérard

 

Jean-Pierre Bours, Celui qui pourrissait et autres nouvelles, L’Arbre vengeur, 288 pages, 14€

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