Laura Esquivel, Vif comme le désir

Après avoir séduit le lectorat par son best-seller Chocolat amer, publié en 1990, Laura Esquivel nous offre son dernier roman, Vif comme le désir. A mi-chemin entre la biographie fictionnelle et le pur hommage passionnel, l’auteure honore son père, celui qui lui était si cher.


« Si étrange que cela pût paraître, elle sentait que, derrière cette relation qu’avaient maintenue ses parents, il existait une force souterraine, une forme d’amour. »


Mexique, deuxième moitié du XXème siècle, Jubilo issu d’une famille modeste et nombreuse, épouse Lucha, une jeune femme de classe sociale aisée. Depuis sa tendre enfance Jubilo est passionné par les mots. Il sait jouer du don qu’il s’est découvert et profite de l’opportunité pour en faire son métier : télégraphe. En plus de cette facilité de manier les mots, il possède également un sixième sens : celui de lire dans les pensées des autres. Il n’est pas un télépathe ou quelconque psychopathe, non, il ressent juste les essences que dégagent les personnes qui l’entourent, il peut tout voir, tout sentir et sait quand quelque chose ne va pas. D’où vient cette sensibilité particulière ? Certainement de sa grand-mère maya, laquelle le chérissait bien plus que ses autres frères et sœurs, du fait de sa passion pour les mots –  qu’il emploiera à merveille pour réconcilier sa mère (espagnole) et sa grand-mère maya.


« Ce qui m’émeut le plus dans les paroles, c’est leur capacité à transmettre l’amour. Tout comme l’eau, les paroles se prêtent extraordinairement bien à la conduction du courant électrique. L’énergie amoureuse possède un énorme pouvoir transformateur, et mon père en avait à revendre. »


Une histoire d’amour qui semblait en apparence pouvoir tout affronter, sans jamais s’effondrer. L’argent et ce don particulier finiront par avoir raison de leur couple et, Jubilo et Lucha mettront un terme à cette étonnante histoire d’amour. Cette romance narrée par leur fille Lluvia est dotée d’une sensibilité à toute épreuve. L’incompréhension d’une telle séparation poussera Lluvia à tenter d’élucider le mystère d’une fin si inattendue, au chevet de son vieux père aveugle.


Un roman doux et puissant à la fois, rebondissant et narré d’un tact bien féminin. On se serait sans doute attendu à davantage de réalisme magique dans ce petit ouvrage mais l’auteure a su nous donner cœur et âme dans ces quelques lignes tendres et touchantes.

 

Elodie Blain


Laura Esquivel, Vif comme le désir, Traduit de l'espagnol (Mexique) par Frédéric Eugène Illouz, Gallimard, avril 2013, 216 pages, 5,49 euros.

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