Théâtralités de Marie-Laure Dagoit

 

Marie-Laure Dagoit, « Tendre à », « Mademoisselle », Editions Derrière La Salle de Bains, Rouen,  18 E ., 12 E..

 

Marie Laure par ses écrits comme par ses images aime séduire. Mais elle ne veut surtout pas que cela se sache. D’où ses emboîtages, ses enrobages et voilettes pour avancer masquée à travers divers clones. Avec mauvais esprits on pourrait prendre pour ses semblables, ses sœurs. Mais on se tromperait sûrement…

 

A titre d’exemple « Mademoiselle » et « Tendre à » créent de subtils jeux de bande. Cela permet à l’auteure de reprendre un topos de la culture occidentale et le revisiter. Toutes ses héroïnes sont des déclinaisons de la Suzanne du Livre de Daniel. L’image biblique en mutation permet des stratégies subtiles.  Pour chacun de ses livres Marie-Laure Dagoit peut donc affirmer : « Ce n’est pas moi c’est l’autre ».

 

Sous couvert de collecte de faits « vrais » l’auteure met le lecteur sous ecstasy par ses mots et ses images en leurs tours de passe-passe. Ils ont l’épaisseur d’une lame qui se retire. L’ivresse dérobée va l’amble dans la nuit noire. Entre le blanc et le noir le voyage s’ouvre et se claquemure. Un trouble de la vue strie le nu et le ciel. L’auteure reste  la souris qui ronge la maille des images et des mots pour une autre légende et une nouvelle inscription. 

 

Avec Marie-Laure Dagoit surgissent les affres des seuils. Il y a bien sûr du leurre mais aussi des trous dedans. Ils sont propres à l’équarrissage sensuel sur le mode de la dérision mais tout autant de la fabulation érotique et fantasmatique. La créatrice se fait complice des regards en prétendant distraire tout délire de luxure. C’est bien joué. Preuve qu’éros ne renie en rien l’intelligence. Au contraire elle le mythifie  en feignant de le démystifier.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

 

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1 commentaire

Etudianteenherbe

sublime texte, que je découvre à quelques heures de la fin des éditions Derrière La Salle De Bains...