Delphine de Vigan, D’après une histoire vraie : Une amie toxique

Le dernier roman de Delphine de Vigan met son double à nu entre vérité et mensonges.

Depuis Rien ne s’oppose à la nuit, il y a quatre ans, l’auteur aux boucles blondes et à la minceur photogénique ne s’embarrasse guère de masques.

 

À la rencontre des lecteurs pour la promotion du livre, on lui pose toujours la même question : qu’allez-vous écrire après ça ? Or, l’écrivain cale devant la page blanche, ne peut plus s’approcher de son ordinateur, ruse pour ne pas devoir rédiger une seule note ou liste de courses.

 

C’est à ce moment de grande fragilité, de doute existentiel qu’apparaît une certaine L, nègre dans l’édition, personnage à la fois loufoque et troublant qui va la comprendre et décrypter son fonctionnement mieux que quiconque. Progressivement, elle va rentrer dans la vie de l’auteur de manière exclusive et fusionnelle. Jusqu’au point de non-retour.

 

Le livre vire au thriller psychologique oppressant avec une proie sous emprise. On pense évidemment à Stephen King et à son Misery pour le couple auteur lecteur.

 

 Il s’agit surtout d’une réflexion sur la terrifiante obligation de transparence et la fascination actuelle de notre société pour ce qui est vrai, comme à la TV, au cinéma ou dans les magazines. D’où le titre du livre D’après une histoire vraie qui interroge sur le pouvoir de la fiction, l’ambivalence entre la fidélité aux faits et l’invention.

 

L’amie inquiétante et prédatrice a-t-elle vraiment existé ? Nous ne le saurons pas et le lecteur doit accepter de douter. La prédatrice L  a le mérite de permettre à l’écrivain de se poser des questions essentielles. Entre enquête sur la littérature et polar psychologique, le livre, faux ou vrai, touche son but.

 

Ariane Bois

 

Delphine de Vigan, D’après une histoire vraie, Lattés, août 2015, 478 pages, 20 €  

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