Ariane Bois, Le Gardien de nos frères : Le destin de deux êtres laminés par la guerre en quête de reconstruction.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, Simon, jeune juif résistant, part à la recherche des siens dont il est sans nouvelles et surtout de son petit-frère, Elie.

 

Dans une France terrassée et dévastée, il décide de s’engager chez les Dépisteurs. Ces scouts juifs se sont donnés pour mission de retrouver les enfants juifs qui ont été confiés en urgence par leurs parents à des familles d’accueil françaises ou des institutions afin de les faire échapper à la déportation. Après guerre, il s’agit pour les instances juives d’identifier et de récupérer ces jeunes dont la plupart sont devenus orphelins.

 

Elie fait-il partie du nombre ? Est-il encore vivant ? De mission en mission, Simon garde le sourd espoir de retrouver son frère. Son enquête avance peu à peu tandis que Léna, une survivante du ghetto de Varsovie qui vient de s’engager comme lui chez les Dépisteurs, entre dans sa vie.

 

L’amour passionné qui naît bientôt entre eux peut-il panser les plaies profondes, à vif, que la guerre leur a infligées? Cet amour saura-t-il redonner un sens à leurs existences fracassées ?

 

Pour Léna, héroïne singulière, bouillonnante et volontaire, Israël représente le seul eldorado. Sincèrement amoureux d’elle, Simon peine à la comprendre et s’essouffle à la suivre.

 

Il lui promet néanmoins de la rejoindre quelques mois plus tard en Terre promise où elle décide de partir en éclaireur. Cependant, le destin séparera les deux amants bien plus longtemps qu’ils ne l’avaient imaginé. Pour le pire ou peut-être, finalement, pour le meilleur…

 

A travers ce roman bouleversant, mené d’une plume fluide et élégante, Ariane Bois vient éclairer des aspects historiques méconnus du public : l’action des Dépisteurs pour retrouver les enfants juifs cachés pendant la guerre, la grande réticence des familles ou institutions catholiques d’accueil à rendre les enfants, souvent baptisés et catéchisés durant leur séjour, la maltraitance dont certains d’entre eux ont hélas été victimes.

 

Erudit, l’ouvrage s’appuie sur de nombreuses recherches, sa bibliographie, très nourrie, en témoigne. Pour autant, Le gardien de ses frères n’a rien d’un témoignage ou d’un document mais au contraire, tout d’un grand roman, construit d’une main de maître par celle dont nous avions déjà salué sur Le Salon Littéraire plusieurs autres de ces titres comme notamment Le Monde d’Hannah, (Robert Laffont, 2011) ou Sans oublier, (Belfond, 2014) (prix Charles-Exbrayat).

 

Gageons que ce nouvel opus, aussi instruit que poignant et passionnant, rencontrera auprès du public le même enthousiasme et le même succès que les précédents.

 

Cécilia Dutter

 

Ariane Bois, Le Gardien de nos frères, Belfond, janvier 2016, 400 pages, 21 euros


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