Petit pays de Gaël Faye : Son pays c’est la guerre
Avant, Gabriel, dix ans,
était un enfant. Un enfant qui se baladait avec ses potes dans les rues de
Bujumbura, piquait les mangues du voisin, découvrait la vie du haut d’un vélo
et l’amour grâce aux lettres d’une correspondante française. Mais bientôt, la
guerre se rapproche, d’abord au Rwanda, le pays voisin, puis dans ce petit pays
qu’est le Burundi. Dans la famille de Gabriel, où les tensions entre les
parents sont nombreuses, on est français et rwandais, amoureux de la
citronnelle et des longues soirées sous les jacarandas. Tout ceci sera balayé, tout
comme l’école, les copains, car la violence s’installe, sommant chacun de choisir
son camp. Hutu ou Tutsi, noir ou métis, Occidental ou Africain, enfant ou adulte.
On est loin ici hélas, de La guerre des
boutons et Gabriel, d’une confortable vie d’expatrié, va connaître la
douleur des meurtres, la fin de son enfance, de sa famille, de la vie d’avant.
Avec une prose d’une grande poésie dont la lecture serre le cœur, Gaël Faye, compositeur de rap, livre un premier roman empreint d’humanité et de beauté blessée. Comment survit-on à la tragédie ? Et quel pays emmène-t-on dans un coin de sa tête pour recommencer ailleurs ? Est-ce que l’exil reste une blessure à vie ? L’auteur, qui se révèle écrivain dès la première ligne, répond à ces questions existentielles avec une maestria et un sens du récit qui laissent pantois. Si vous n’avez qu’un livre de la rentrée à lire, c’est celui-ci !
Ariane Bois
Gaël Faye, Petit pays, Grasset, août 2016, 224 pages, 17 €
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