Voici venir les rêveurs, de Imbolo Mbue : American ou African Dream ?

Quitter le Cameroun pour s’installer à Manhattan, c’était le rêve de Jende Jonga, de sa femme Neni et de leur fils. Mais obtenir la fameuse carte verte, devenir résident ne va pas de soi. Alors quand le père de famille obtient un poste de chauffeur chez un banquier surmené et discret, quelle joie chez les Jonga !

 

L’Afrique, qui leur a tant donné pendant leur enfance, semble désormais appartenir au passé, ils seront plus américains que les New-Yorkais ! La famille de Clark Edwards, progressivement, ne connaîtra aucun secret pour Jende, qui lie des liens avec son employeur, transporte les deux enfants du couple, emmène Cindy, la femme de celui-ci, un brin desperate housewife, dépenser des sommes folles en shopping.

 

La vie paraît douce, surtout que Neni attend bientôt un autre enfant. Mais la crise financière frappe de plein fouet les riches de Manhattan et Jende perd son emploi. Dès lors, comment survivre ? Sa femme, poussée à bout, va commettre un acte dont elle ne se serait pas crue capable.

 

Alors que le bel édifice de la famille Edwards se fissure et éclate, la famille camerounaise va être confrontée à un choix déchirant : faut-il s’accrocher à son rêve ou revenir au pays ? 

 

Ce premier roman salué aux États-Unis est un bonheur de lecture tant les voix des personnages s’entremêlent avec brio, décrivant les trajectoires de l’exil ou de la richesse, détruisant les espoirs des uns pour laisser la place au doute et à la confusion et aussi à la part obscure de chacun. Naïveté, espoir, liens avec le pays que l’on a quitté, Voici venir les rêveurs brille d’humanité et d’intelligence.

 

Ariane Bois

 

Imbolo Mbue, Voici venir les rêveurs, Belfond, août 2016, 440 pages, 22 €  

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