Poupe de François Cérésa : la gloire de mon père

Il l’appelait Poupe, le père le surnommait la Globule. Entre eux, c’était l’amour, la complicité évidente tissée autour des voitures, du tennis, du vélo, de la littérature, mais aussi parfois les taloches et les mots durs d’une éducation à l’ancienne. Un écrivain perd son père et ne s’en remet pas : fini les baignades à Antibes, les dîners qui s’éternisent, la joie de grandir à côté de celui qui respirait la vie à pleins poumons. 

 

Alors le fils blessé raconte cet homme disparu, le père guépard au regard fier, ce héros au visage d’insoumis qui dés 13 ans travaillait de ses mains et à passé sa vie à construire pour protéger les siens. Sourire à la Clark gable, silhouette svelte, Poupe a été pour son garçon ébloui un héros de western, un père fort et doux, un être de la race des impétueux. « Nous, les Ritals… », déclarait-il dans un rire et il ne fallait pas le chercher. 

 

Curieusement, son fils aimant se voit comme l’antithèse de son père alors qu’à le lire il n’en est que le portrait inversé, et après l’adieu, celui-ci se demande comment vivre avec ce bagage d’affection. 

 

La réponse est dans les pages, tristes et belles : l’écrivain livre le plus délicat des livres, qui va au-delà de la perte et du deuil mais nous interroge tous sur notre lien à ceux qui nous ont créés et dont le départ sonne comme la véritable fin de l’enfance, ce pays si protégé.

 

« Aimer, c’est se réjouir », écrivait déjà Aristote. Alors on ne peut que se réjouir du sourire de Poupe, qui là-haut, doit savourer cette lettre d’amour.

 

Ariane Bois

 

François Cérésa, Poupe, Le Rocher, septembre 2016, 276 pages, 18,90 €


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