L’Archipel d’une autre vie

 

Ecrivain sibérien de langue française, Andreï Makine, l’auteur du merveilleux Testament français, récapitule dans L’Archipel d’une autre vie des thèmes et des rêveries qui affleuraient dans divers romans, comme Requiem pour l’Est. Je pense à cette obsession, qui rencontre étrangement les miennes, de l’exil intérieur, de ces hommes qui choisissent une vie clandestine au cœur du Léviathan. Makine se révèle jüngerien au suprême lorsque, par la magie d’une prose adamantine (à la chronologie parfois sinueuse), il donne vie à la figure du Waldgänger – le rebelle qui, par le recours aux forêts, échappe au système qui le broie en se réservant le droit de réapparaître, plus libre que jamais.

L’Archipel d’une autre vie narre ce choix fait, dans l’URSS des années 50, par un couple de proscrits qui se rencontrent à la suite d’une chasse à l’homme et qui décident de quitter le monde civilisé pour se réfugier dans un archipel perdu de l’Extrême-Orient soviétique.  Haletant, le récit de la traque par des gardiens de goulag, plonge le lecteur dans une quête métaphysique, où la fuite éperdue ouvre la porte à la renaissance. Un grand roman qui met en scène une femme aussi rusée qu’Ulysse, une nature hostile ainsi qu’une galerie de pantins abjects ou sublime - russes.

 

Christopher Gérard

 

Andreï Makine, L’Archipel d’une autre vie, Seuil, 18€

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