Éliane Girard, #Bonnet : Vogue la galère du PAF

C’est un bonnet péruvien aux couleurs éclatantes, du rose fluo, du bleu caraïbe, des lamas qui gambadent en liberté, de la laine qui gratte, bref « un attentat au bon goût ». Il appartient à Tristan qui vend des journaux à Paris et qui, un beau matin, embrasse sur la joue pour la remercier d’une cigarette offerte la très célèbre journaliste Lina Darius, la nouvelle coqueluche des médias. Pas de quoi fouetter un chat me direz-vous, mais c’est sans compter sur les réseaux sociaux. Ceux-ci s’embrasent à la faveur d’une photo volée, un hashtag # Bonnet file sur la toile, les commentaires vont bon train.

Bientôt la presse people s’affole à son tour, qui est le nouvel amoureux de la belle Lina et pourquoi la journaliste, si discrète et si réservée, a-t-elle faillit à sa réputation en embrassant en pleine rue un garçon ?

Ce qui débute comme une plaisanterie un peu potache va avoir de réelles répercussions. Tristan vit avec Clotilde, d’une jalousie féroce et va tout perdre en l’espace d’un week-end, Lina, courtisée par le mercato risque gros. Et que vont décider les amis des deux héros ?

On rit beaucoup dans ce roman à clés qui décrit avec précision le petit monde de l’audiovisuel que l’auteure connaît bien, avec une star de l’interview qui ressemble beaucoup à Léa Salamé, le blog d’un certain Angelini aux méthodes douteuses, les sites consacrés aux people, les journalistes prêts à tout pour un scoop mais aussi le public qui en redemande, Clotilde qui vit vissée à ses tablettes…

En montrant l’envers du décor et le tsunami auquel vont être confrontés les trois protagonistes, Éliane Girard dont on avait aimé Un cadeau (2012) dénonce aussi de manière fine et sensible un certain journalisme des apparences, où le brushing de la journaliste est plus important, même à la radio, que ce qu’elle dit, les méandres d’internet et l’appétit féroce des réseaux sociaux. Branché sur l’air du temps, voilà une jolie fable à méditer sur notre société de l’image et du scoop. Salutaire.

Ariane Bois

Éliane Girard, # Bonnet, Buchet-Chastel, mars 2017, 224 pages, 15 € 

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