Jean-Claude Ponçon, Examens de passage : Un goût de bonheur simple

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Ma mère avait raison, qui me racontait quand j’étais enfant ses années de « communale » au cœur d’un village Berrichon, moi qui pensais qu’elle enjolivait l’histoire pour me faire rêver. Que ce soit en Berry, en Sologne, en pays Dunois ou encore dans le Gâtinais, ce début des années 50 à la campagne résonne partout de la même façon.

Après avoir refermé le dernier roman de Jean-Claude Ponçon, Examens de passage, j’en eus la même vision, côté masculin cette fois… Le petit Jean de La Braconne (Marivole, 2014), premier opus de la saga, a grandi. Fini les courses folles à travers les bois de son cher pays Dunois ! La rentrée des classes approche, et ses instituteurs de parents ont choisi d’être mutés à Moineville, petit village du Gâtinais, à une portée de fusil de la forêt de Fontainebleau. Là, Jean va découvrir un tout autre univers : celui d’un village où il arrive comme un étranger, avec le handicap d’être le fils du directeur de l’école, faisant aussi office de secrétaire de mairie. Peu à peu, suite à quelques péripéties qui n’auraient pas dû jouer en sa faveur, il arrive à se lier à une bonne partie de ses nouveaux congénères. De Christian, le ténébreux et mystérieux « costaud » de la classe à Baulon, le bavard impénitent, en passant par Mendelssohn, le petit juif caché durant les années troubles, il noue des amitiés qui vont le marquer pour longtemps. Et puis il y a les filles. À presque 14 ans, le passage de l’enfance à l’adolescence s’avère parfois difficile… De Denise, la fille des gros fermiers du coin, un peu trop prude à son goût, à Mimi la jolie petite brunette, fille de réfugiés espagnols, apparemment pas timide pour deux sous, ses sens vont être mis à rude épreuve. Sans oublier Lépine, l’employé communal, homme à tout faire, ivrogne invétéré, mais abritant bien des secrets et des passions insoupçonnables. Il gardera aussi un souvenir impérissable de sa furtive rencontre avec Jean Cocteau, à la sortie du village de Coctilly.

La vie, tantôt trépidante, tantôt nonchalante, de tout ce petit monde durant l’année scolaire 52/53 m’a transporté dès les premières pages dans l’univers nostalgique de La guerre des boutons. Et ces Examens de passage, dont le fameux sésame du certificat d’études, m’ont presque fait regretter de ne pas être né quelques années plus tôt.

Cette touchante histoire, souvent drôle, parfois mélancolique, émaillée de quelques mystères d’un après-guerre pour le moins trouble m’a laissé comme un goût de bonheur simple en bouche. Et c’est avec un large sourire que j’ai refermé le livre.

Serge Camaille

Jean-Claude Ponçon, Examens de passage, Marivole Éditions, avril 2017, 215 pages, 20 €

[Cette chronique est également disponible sur le site Almanachs des terroirs de France]

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