Une place à table, de Joshua Halberstam : Naitre à une nouvelle vie

Elisha vit à Brooklyn dans une communauté juive orthodoxe, les hassidim. Sa vie est rythmée par la prière, les interdits religieux, l’étude de la Torah, le culte de son grand-père, un prestigieux rabbin de New York.

En ce début des années 1970, l’Amérique manifeste contre le Vietnam, découvre la liberté sexuelle, rêve d’une autre politique. Rescapé des camps à quinze ans Oncle Shaya, personnage double tiraillé entre la religion et l’hédonisme sera le premier à entrouvrir les portes de l’extérieur en initiant le jeune homme si sérieux à la lecture d’Henry Miller, à la découverte de Manhattan si proche et pourtant si lointaine, au jazz et au swing.

À la fac où Elisha décide contre sa famille d’étudier, il rencontre Katrina, une jeune femme du Midwest avec une seule fossette. Troublé, le garçon va pour elle enfreindre toutes les lois de son univers, se couper les cheveux, sortir tête nue, manger dans des restaurants non casher. Avec générosité et patience, Katrina, lui montre un autre chemin, une vision différente de l’existence. « En Amérique, tonnent ses parents désemparés, on oublie ce qu’on est. » Et si Elisha, en suivant Katrina, contre tous les préceptes appris dans sa vie, devenait en fait ce qu’il est vraiment ?

Premier roman très abouti et à la veine sans nul doute autobiographique (l’auteur est né dans une famille ultra-orthodoxe et a étudié la philosophie à l’université), Une place à table explore une communauté mal connue, mais aussi ce besoin, jeune, de découvrir sa propre voie, de partir à sa propre recherche. Une quête où malgré l’opposition des siens, Elisha peut compter sur l’amour paternel, qui lui permettra de comprendre ce qui se joue en lui.

Un livre fin et délicat qui explique comment chacun d’entre nous peut changer, exister pour soi, imposer son désir. Une réussite.

Ariane Bois

Joshua Halberstam, Une place à table, L’antilope, avril 2018, 375 pages, 22,50 €

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.