Aimé Bonpland : le grand botaniste rochelais oublié et dépossédé de ses découvertes

Je me souviens parfaitement de ce « moment magique sans temps », tel que l’aurait décrit mon Maître et Ami : Augusto Roa Bastos ; j’étais en train de relire, de parcourir, à l’aventure, comme il sied, les pages fabuleuses de son œuvre majeure : Moi, le Suprême[1], quand tout d’un coup, Il surgit là, d’une note de bas de page : « Aimé, Jacques , Alexandre Goujaud-Bonpland, né à la Rochelle le 29 août 1773, et mort à Corrientes, deux fois, le 10 et le 11 mai 1858. »

On peut naître deux fois, comme le Prix Cervantès 1989, -potentiellement nobélisable[2] et dont on vient de fêter le centenaire de la naissance en 2017-, une fois à Asunción en 1917, et l’autre à Iturbe, un village bilingue espagnol-guarani, où il passa une grande partie de son enfance- , mais il s’avère plus difficile de mourir deux fois…

Cet « exploit », un de plus, fut réalisé par Bonpland, malgré lui, de fait, alors qu’on l’avait embaumé tel un pharaon, à Corrientes, dans le Nord-Est Argentin, son beau-frère, totalement ivre, vint parachever à sa façon le travail biologique, lors d’une veillée funèbre, en transperçant à de multiples reprises son illustre corps, à coups de machette[3]…

Je me suis alors immédiatement identifié avec le Bon Plan charentais, car il faut ajouter à ses racines aunisiennes et saintongeaises, deux autres identités : la paraguayenne, puisqu’il fut confiné 10 années dans ce pays par son « Dictateur Suprême et Perpétuel » : le célèbre Docteur Francia, le Personnage-Auteur de Moi, le Suprême, et l’Argentine, puisqu’il passa les 27 dernières années de sa vie dans la Province de Corrientes, et que pour ma part, je fus marié 20 ans à une argentine de Tucumán et que je ne compte plus mes voyages au Paraguay -depuis le 6 septembre 2000[4] à aujourd’hui -, ma Terre Promise, mon Lieu pour Mourir : Manorá, en guarani …

Ensuite, de 2007 à 2010, après de multiples lectures et voyages : en Argentine et au Paraguay mais aussi en Allemagne et en Charente-Maritime, sur les traces de mon Bonpland, après avoir rencontré nombre de ses descendants argentins et établi avec certains une solide et durable amitié,  je pus enfin publier mon premier roman, à presque 50 ans: Le voyage sans retour d’Aimé Bonpland, explorateur rochelais[5], et enfin, après avoir rédigé de nombreux articles sur Lui, le présenter dans de nombreux pays : au Paraguay, en Argentine, en France, à Tahiti, et enfin en Australie.

Néanmoins, et pour tout vous dire, ces mémoires apocryphes du Grand Explorateur Rochelais ne m’ont pas permis de m’appesantir sur l’aspect botanique de sa bibliographie, de fait, il s’agissait de le ressusciter tel un Personnage de Fiction, qui prendrait la plume pour s’écrire et dicter son Livre à son Auteur, qui passe ainsi au rang de simple Compilateur, tel que Roa Bastos avec son Suprême ; d’aucuns parlèrent de « métempsychose », et en effet, ce Personnage hors pair fit « mourir » l’auteur que je suis, dans une perspective Barthienne. ..

Mais il n’est pas trop tard pour remédier à cette lacune, tel que me le suggère mon Ami, l’éternel Enseignant-Chercheur Olivier Sigaut, -Grand Ragondin Pourfendeur de promoteurs en zones humides et Défenseur Acharné de Dame Angélique s’il en est-, ce que je vais m’empresser de faire maintenant, en quelques lignes, en commençant par son impressionnant travail de botaniste, en compagnie de Humboldt, lors des Voyages aux régions équinoxiales du Nouveau Continent[6], pendant lesquels ils parcoururent pendant 5 ans une grande partie de l’Amérique Latine, tels de nouveaux Argonautes, en répertoriant et en identifiant tous les végétaux et minéraux qu’ils découvrirent sur leur passage, procédant de la sorte à une nouvelle Mesure du Monde[7], telle que l’a suggérée Daniel Kehlmann, sans oublier les aspects sociopolitiques, économiques et même ethnologiques des régions parcourues, en écornant au passage le système colonial et en condamnant sans réserve l’esclavage…

On constate donc d’emblée que Bonpland est un génial botaniste de terrain, un voyageur toujours en mouvement, -porteur de surcroît de l’Esprit des Lumières et inspirateur indéfectible de l’Indépendance de ce continent avec son inséparable double et co-auteur Humboldt-, mais qu’il est en quelque sorte dépouillé de la paternité de ses découvertes, pris qu’il est par le Démon du Voyage, tout d’abord par Carl Ludwig Wildenow[8], pour  le début de l’œuvre citée précédemment[9], et Géographie des plantes équinoxiales, puis ensuite par Karl Sigismund Kunth, pour la rédaction des sept tomes monumentaux de Nova genera et species plantarum[10].

Et il est encore dépossédé de son œuvre majeure par John Lindley en 1837, à la suite de la romantique affaire de la Victoria regia, Yrupé[11] en guarani. En effet, Bonpland en fit la description en 1825, alors qu’il se trouvait assigné à résidence dans les Missions paraguayennes par le terrible Docteur Francia, -un fanatique local de Robespierre et Bonaparte, Docteur en Théologie, pour ne rien gâcher, qui crut pendant les 26 ans de sa dictature incarner à Lui Seul  sa Nation-, il ne put donc publier ses découvertes, or, celle-ci est de taille, car il s’agit à l’époque d’une espèce complètement inconnue de nénuphars géants[12].

 

Mais au-delà de ces considérations préliminaires, il convient de rappeler que tout au long de ses multiples vies et voyages, il ne cessa d’envoyer des plantes au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, où l’on peut encore contempler nombre de ses herbiers[13] ; les chiffres les plus astronomiques circulent en la matière, mais en 63 ans d’activités de botaniste ininterrompues, d’aucuns estiment à 30 000 le nombre de plantes envoyées par Bonpland, parmi lesquelles 6 000 auraient été inconnues à l’époque…

Mais pour mieux appréhender  la grandeur de la figure de botaniste de Bonpland, c’est à Joséphine de Beauharnais qu’il faut faire appel, il fut en effet l’Intendant de ses magnifiques Jardins de la Malmaison, dans lesquels l’Impératrice acclimatait des plantes tropicales en provenance des quatre coins de la planète, sous des serres chauffées au charbon, aux frais de Napoléon et de l’Empire, -il publia d’ailleurs un ouvrage à ce sujet : Description des plantes rares cultivées à Malmaison et à Navarre- , et que tous les grands de ce monde, tel le Tsar Alexandre Premier, venaient visiter de toute l’Europe, symbole de la magnificence de l’Empire à ses débuts s’il en est. Car, en cette période, Bonpland non seulement vécut une grande histoire d’Amour avec Adeline Boyer, la gouvernante de la Rose Antillaise, mais beaucoup supposent aussi qu’il le connut avec Joséphine, tout au moins de façon platonique, car la belle créole martiniquaise était une experte en plantes tropicales, et leur passion pour les plantes, ainsi que leurs entreprises communes, les mena vers une complicité extrême. À tel point que celui qui fut le premier à la serrer dans ses bras sur son lit de mort, à la suite d’une fluxion de poitrine en 1814, ce fut notre botaniste charentais, et non pas l’Empereur corse qui l’avait délaissée en 1809, pour Marie-Louise d’Autriche, car elle ne pouvait pas lui donner d’héritiers …

Mais pour continuer en beauté avec cette passion des plantes qui animait notre charentais dromomaniaque, amoureux invétéré des jolies femmes et des intrigues politiques, à la fois en France, en Argentine et au Brésil, il convient de rappeler ce qui lui arriva en arrivant à Buenos Aires, en 1817. Bonpland était franc-maçon, et il recevait en son domicile de Buenos Aires d’autres français qui auraient conspiré contre le président argentin : Juan Martín de Pueyrredón y O’Dogan, et il fut à deux doigts d’être emprisonné à ce moment-là. Il a alors l’idée de remonter le Río de La Plata vers le nord, en direction du Paraná, et il découvre dans l’île de Martín García des plants de maté, la fameuse infusion du  Paraguay : ilex paraguariensis, bien en dessous de leur aire d’extension habituelle. Il ramène alors des graines dans sa Quinta de los Sauces, à Buenos Aires, et redécouvre le secret de leur germination, jalousement gardé par les Jésuites. Ceux-ci les faisaient germer grâce à la fiente de dindons ou de toucans, dont l’acidité permet d’éliminer l’écorce qui les entoure, et Bonpland y parvint en les laissant tremper dans un bain de potasse. Il a alors l’idée géniale de partir dans les Missions argentines, et de réhabiliter une Mission jésuite à Santa Ana, près de Candelaria, mais en 1821, le Docteur Francia qui considérait les Missions argentines comme territoire paraguayen et voulait conserver le monopole de la production de la dite plante, et qui, de plus, soupçonnait Bonpland d’être un espion à la solde de l’Angleterre, -qui à l’époque occupa l’embouchure du Río de la Plata, et surtout de la France, qui envoya même l’Amiral Dupotez en expédition jusqu’à Corrientes, en mars 1840, pénétrant grandement dans le territoire argentin-,  fit traverser en 1821 le Paraná à un détachement de soldats en armes, le fit enlever par ses hommes et détruisit la plantation renaissante du français sans frontières et sans limites…

Et alors qu’il est assigné à résidence à Santa María de Fe, un petit village perdu dans les Missions paraguayennes, le botaniste orléanais, Auguste de Saint-Hilaire, publie la première description de la plante en 1822, à la suite de son premier voyage au Brésil, là-encore notre botaniste, oublié par son propre pays et par sa propre ville, est dépossédé de sa découverte, car on peut supposer qu’il fit cette même description dès 1817 ou 1818, à Buenos Aires, ou alors dans sa gigantesque plantation de maté à Santa Ana, dans les Missions Argentines, vers 1820, en tout état de cause, avant de Saint-Hilaire…

 

Il vécut alors les pires années de sa vie, privé de la Liberté du Siècle des Lumières, qui pour lui avait tant de prix, mais aussi les plus belles, car, comme toujours, il fut sauvé par l’Amour , celui de la fille du cacique indigène chiviré : María, avec laquelle il eut deux enfants. Il devint alors en quelques années le plus riche entrepreneur de la région, en dirigeant en même temps une ferme, pourvue de nombreux troupeaux[14], une plantation de maté, un dispensaire, une scierie, la fabrication de remèdes maison  à base de miel et de plantes indigènes, à tel point que le Docteur Francia, enragé face à un tel succès de son « prisonnier » ordonna sa libération en 1829, mais par un dernier coup de dés truqués, le retint à Ytapúa, l’actuelle ville d’Encarnación, au sud du Paraguay, un an et demi de plus, sous le prétexte qu’il devait vendre tous ses biens paraguayens avant de quitter le territoire, il dut aussi, la mort dans l’ âme, abandonner María et leurs deux enfants…

Tout au long de son existence, on dépouille donc Bonpland de tout, de monumentales publications en botanique en plusieurs tomes, tels les Voyages aux régions équinoxiales et Nova Generae et Species Plantarum, de ses découvertes  et descriptions du maté et de la Victoria Regia, et même de ses enfants, et ses biens, il doit les vendre en quittant le Paraguay ; il apparaît alors comme le Botaniste Dépossédé, et ceci, pour plusieurs raisons.

La première, c’est qu’il voyageait beaucoup, après la mort de sa Rose-Joséphine, il avait décidé de revenir en Amérique Latine, de continuer le Voyage, indéfiniment, sans retour possible, alors que Humboldt mettait sous presse à Berlin et à Paris le fruit de leurs cinq années d’observations. Ensuite, il y a cette Figure Imposante du Baron de Humboldt, qui de toutes façons, n’aurait pu que le laisser dans l’ombre, tel que le suggère deux auteurs de prime abord dans leurs titres : A life in shadow, de Stephen Bell[15], et Figura na sombra[16], de Luis Antonio de Assis, on comprend bien dans ses deux ouvrages que Bonpland, malgré tous ses feux, brillait moins que l’Astre Ardent de Tegel[17] .

 

 

Mais il avait choisi la Vie, le Mouvement, les Amours à tous vents, alors que le Baron la finit seul, enfermé dans son cabinet, le dos ployé sous le poids des publications et des responsabilités, l’Un vécut de Voyages, l’Autre revécut ses Grands Voyages, durant les 25 dernières années de sa vie…

Alors si on fait le bilan de tout ça, -en rajoutant que Bonplandia est un genre en botanique de 13 espèces différentes de phanérogames : plantes produisant des graines, appartenant à la famille des polémoniacées[18], que deux revues de botanique portent ce nom, en son honneur, l’une à Corrientes et l’autre à Hanovre-, on peut se dire que,  même s’il est indéniable que Bonpland a été grandement oublié chez lui et dépossédé de certaines de ses découvertes, que si l’ombre d’un Géant a plané sans cesse au dessus de Lui, malgré tous ses déficits et handicaps, notre Bonpland n’attend plus qu’une chose, que la bonne Ville de La Rochelle, -éminemment culturelle de surcroît, et déjà prévenue par mes soins en 2009[19]-  rajoute son prénom au nom quasi universel d’un Géant charentais des Plantes[20], qui, hélas, ne fut jamais prophète en son Aunis…

 

ANNEXE :

PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES

D’AIME BONPLAND

 

1811 : Recueil d'observations de zoologie et d'anatomie comparée rédigé avec Alexander Humboldt, Imprimerie J.H. Stone, Paris.

1813 : Description des plantes rares cultivées à Malmaison et à Navarre par Aimé Bonpland.

Imprimerie P. Didot l'aîné, Paris.

1815 : Nova genera et species plantarum rédigé avec Alexander Humboldt et Karl Sigismund Kunth, volume 1, Lutetiae Parisiorum, Paris.

1816 : Monographie des Melastomacées comprenant toutes les plantes de cet ordre y compris les Rhexies, volume 1, Paris.

1817 : Nova genera et species plantarum rédigé avec Alexander Humboldt et Karl Sigismund Kunth, volume 2, Lutetiae Parisiorum, Paris. 

1818 : Nova genera et species plantarum rédigé avec Alexander Humboldt et Karl Sigismund Kunth, volume 3, Lutetiae Parisiorum, Paris. 

1820 : Nova genera et species plantarum rédigé avec Alexander Humboldt et Karl Sigismund Kunth, volume 4, Lutetiae Parisiorum, Paris.

1821 : Nova genera et species plantarum rédigé avec Alexander Humboldt et Karl Sigismund Kunth, volume 5, Lutetiae Parisiorum, Paris. 

1823 : Nova genera et species plantarum rédigé avec Alexander Humboldt et Karl Sigismund Kunth, volume 6, Lutetiae Parisiorum, Paris.

1823 : Monographie des Melastomacées comprenant toutes les plantes de cet ordre y compris les Rhexies, volume 2, Paris.

1825 : Nova genera et species plantarum rédigé avec Alexander Humboldt et Karl Sigismund Kunth, volume 7, Lutetiae Parisiorum, Paris. 

[1] Le grand Umberto Eco lui-même n’aurait pas hésité à le qualifier de « roman le plus sémiotique du XX ème siècle. » Il s’agit sans aucun doute aussi du «roman » le plus psychologique sur la dictature latino-américaine, dans lequel l’auteur-compilateur Roa Bastos s’installe pendant 609 pages dans la conscience du Dict-Auteur, le Docteur Francia, qui dicte son Livre à son secrétaire Patiño, en faisant ainsi le premier «  roman » lu avant d’avoir été écrit…

[2] De par les multiples visées de son œuvre : anthropologique, sémiotique, historique, politique, de par ses scénarios de cinéma pour les plus grands réalisateurs argentins dans les années 50, lors de son exil à Buenos Aires, de par ses farouches combats artistiques et idéologiques contre la dictature de Stroessner, Roa Bastos peut,  et doit, être considéré comme le plus grand écrivain latino-américain du XX siècle.

[3] Voir à ce sujet le début de l’excellent film de Luis Armando Roche : Aire libre,  sur l’expédition de l’Orénoque à l’Amazone du donquichottesque géologue prussien Alexander Von Humboldt et de son fidèle écuyer botaniste charentais : Aimé Bonpland : https://www.youtube.com/watch?v=1RHr6miM_lE

[4] En ce jour « magique sans temps » pour moi, j’eus la chance et l’honneur d’interviewer en son domicile le Grand Maître paraguayen, et de faire un documentaire, hélas imparfait à bien des égards,  à partir de cette rencontre et d’un road movie dans le Guairá: Un país tras la lluvia, https://www.youtube.com/watch?v=6oUZE1R2gu0&t=92s

https://www.youtube.com/watch?v=3Vu_f4SRujI&t=71s

[5] L’Harmattan, « Collection L’autre Amérique », Paris, avril 2010, http://www.harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=31196

[6] Bonpland ne participa pas à l’ensemble de cette œuvre multidisciplinaire et monumentale en 13 volumes, dans laquelle on voit à juste titre les prémices de multiples sciences telles que l’Écologie, la naissance de L’Américanisme, l’invention du Vulcanisme et de la Géographie Physique, et, comme si cela ne suffisait pas, une anticipation de la théorie de l’évolution des espèces de Darwin. En effet, en repartant à l’aventure en Argentine en 1817, la publication de ses découvertes de botaniste fut confiée à un botaniste prussien Carl Ludwig Wildenow, ami de Humboldt, qui obligea notre Bonpland à lui confier ses doubles, voir à ce sujet ce passage de mon roman de Bonpland: « Malgré cette reconnaissance unanime des milieux scientifiques et ma modeste rente, dans un Paris bouleversé par les pharaoniques travaux de l’Empereur, je ne me sentais pas à l’aise. J’avais d’une part la nostalgie de mes maisons de La Rochelle[6], de notre bastide des Chauvins, malgré l’accueil qu’on m’y avait fait et surtout l’envie irrépressible de repartir en Amérique Latine, je sentais en moi que j’étais définitivement voyageur et que mon voyage serait éternel… Pour apaiser mes tourments, je partis faire passer des examens de botanique en France, en Suisse et en Italie, mon séjour à Turin me permit de revoir Alexandre à Milan, où il séjournait pour l’hiver avec Gay Lussac. Alexandre voulant terminer la publication de sa « Géographie des plantes équinoxiales », m’obligea à céder à un botaniste prussien, Wildenow, la moitié de mes doubles, ce qui ne manqua pas de m’offenser profondément après les huit années passées ensemble, dont 5 sur les routes et fleuves d’Amérique Latine. »

[7] Voir Les arpenteurs du monde, le grandiose roman de Daniel Kehlmann, traduction de Die Vermessung der Welt , Rowolt Verlag, Berlin, 2005, qui à la suite de son énorme succès de librairie, fut adapté au cinéma par Detlev Buck, en 2012.

[9] Cependant, il convient de remarquer que c’est bien le nom de Bonpland qui apparaît sur la couverture, et ce jusqu’au sixième volume, publié en 1820, ce qui en dit long sur le sens de l’honneur du baron de Humboldt et sur son éternelle Amitié pour Bonpland : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k972858

[10] Voir la bibliographie scientifique de Bonpland, en annexe.

[11] Appelé ainsi par les indigènes, ce qui signifie ‘plat sur l’eau’ en guarani, car son fruit, de la taille d’une noix de coco, est rempli de graines qui sont consommées avec délectation par les indien guaranis.

[12] Le nénuphar géant, orné sur le côté d’une superbe fleur blanche ou rosée*a,  bien connu aussi sous le nom de Victoria Amazonica,  fut découvert par le naturaliste-voyageur tchèque,  natif de Bohème, Thaddaus Xaverius Peregrinus Haencke -qui participa à la circumnavigation d’Alessandro Malaspina de 1789 à 1794-, en Bolivie, en 1801, mais ne fut pas décrit ensuite par ce grand précurseur des naturalistes-explorateurs du XIX, qualifié par d’aucuns de « Humboldt tchèque », mais mort prématurément en Bolivie, en 1815.

*a : La fleur, bisexuée, qui n’apparaît que la nuit, de mars à juillet, et se rétracte le jour, est blanche et féminine une nuit sur deux, elle peut alors recevoir du pollen, et la nuit suivante, elle devient rosée et masculine,  et peut à son tour polliniser, grâce à un scarabée.

[13] En revanche, au Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle, si quelques herbiers de Bonpland se trouvent bien dans les réserves, ceux qui apparaissent dans la salle des explorateurs, sont ceux de Michel, son frère, qui le jalousait tellement qu’il est parvenu non seulement à le faire rejeter par sa famille, -à cause de son amour pour Adeline Boyer, une gouvernante de Joséphine, mariée à un vieux médecin mais qui ne pouvait divorcer car c’était interdit à l’époque-, mais aussi à le faire déshériter par son père, car il naviguait en compagnie de Humboldt en Amazonie quand sa mère est morte, et pour couronner le tout, finir par occulter sa présence en ce lieu hautement symbolique, dans cette région de grands explorateurs et voyageurs tels Alcide d’Orbigny, René Caillié, Eugène Fromentin et Pierre Loti-, en faisant disparaître  le prénom d’Aimé, dans la seule rue de France portant son nom, à La Rochelle*a

*a : Alors que deux villages où  il a vécu en Argentine portent son nom, à Misiones et à Corrientes, une montagne au Venezuela, où  commença l’expédition de l’Orénoque à l’Amazone, mais on le retrouve aussi dans des endroits où il n’a jamais mis les pieds, comme le fleuve Bonpland en Patagonie et même un Mont Bonpland en  Nouvelle Zélande, et ceci sans compter un cratère Bonpland sur la lune. On voit bien à la lumière de la toponymie que nul n’est prophète en son pays, et Bonpland encore moins que les autres…

 

[14] Il était médecin, et en particulier accoucheur, et à chaque fois qu’il intervenait, on le payait avec un animal issu des différents troupeaux de ses patients ; il fut surnommé à l’époque le « Karaí Arandú » , le ‘Grand Savant’, en guarani…

[15] Stanford University Press, Stanford , 2010

[16] L§PM Editores, Porto Alegre, 2012

[17] Je me suis rendu à Tegel, dans la banlieue de Berlin, en 2009, sur la route de Cracovie, et  j’ai pu parcourir le parc du Château du Géant, normalement interdit à la visite, et les abords du massif Hôtel Humboldt juste à côté, mais je n’étais pas au bout de mes surprises. En 2015, lors d’un séjour à Berlin, j’ai pu dénombrer deux grandes Universités en son nom, celle de Droit,  et juste en face, celle de Sciences, au 6 de la rue Under dan Linden, là où l’on peut voir la monumentale statue où il tient pointé sous son doigt gauche  le globe caché sous sa cape ; son portrait est peint ou projeté sur de nombreuses façades tout autour, Il est présent partout, et pour couronner le tout, Il a un peu plus loin, sa Géode Multi-Arts et Multi-Sciences, la Humboldt Box ; alors on comprend mieux ce que ça va veut dire la Postérité, et surtout le travail sur la Mémoire historique et culturelle, en Allemagne…

[18] La Bonplandia trifoliata par exemple, porte ce nom à l’initiative de Humboldt… https://es.wikipedia.org/wiki/Bonplandia

[19] A l’occasion de l’organisation d’un projet pédagogique sur Bonpland, avec mes chers élèves de seconde  et de première, option cinéma, du Lycée Valin.

[20] L’abréviation Bonpl., qui signifie que la plante fut décrite en latin par Bonpland, apparaît à de nombreuses reprises en ligne, souvent associée à celle de Humboldt : Humb., dans différentes taxonomies de plantes de l’Amérique tropicale, https://books.google.es/books?id=WNwVAAAAYAAJ&pg=PA673&lpg=PA673&dq=Bonpl.&source=bl&ots=lg1LidavKq&sig=FBx_ZWONnsTwi-LVNjQZQ4j-Jhc&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjauo6O973YAhVLtRQKHZFkB1AQ6AEIdTAOv=onepage&q=Bonpl.&f=false

 Ce qui démontre bien que ni le temps, ni des botanistes concurrents, ni le Géant de Tegel, ni même son frère Michel, -petit botaniste local des marais de l’Aunis, mort d’envie-, n’ont pu le faire disparaître complètement…

 

 

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