Après, de Nikki Gemmell : Ma mère, ma douleur

Elayn est un jour retrouvée morte : que s’est-il passé pour que la vieille dame élégante et sociable décide de recourir au suicide assisté, sans jamais en parler à ses enfants ? Hébétée, folle de douleur et de colère, sa fille cherche à comprendre : sa mère, découvre-t-elle, souffrait constamment et était devenue accro aux antidouleurs… Vivant seule, elle ne pouvait plus conduire, ce qui en Australie est impensable, et difficilement marcher seule : trop de solitude, de regrets, de remords pour cette si belle femme, ancienne mannequin avec qui les relations étaient parfois si houleuses. 

Avec une sincérité qui fend l’âme, Nikki cherche à analyser cette relation d’amour et de haine mêlées, cette mère qui lui répétait fillette qu’elle était trop laide, mais qui conserva jusqu’à sa mort les articles écrits sur sa fille comme un talisman…

Connaît-on vraiment ceux qu’on aime ? Pourquoi les blessons-nous avec autant de cruauté ? Comment l’auteur, prise par ses quatre enfants et son mari aurait-elle pu mieux soulager la solitude de sa mère ?  

Éblouissant travail sur la perte d’un parent, la disparition de l’enfance, les regrets d’une relation tumultueuse, ce récit écrit d’une plume que l’on devine trempée dans les larmes, explore tous les thèmes liés au vieillissement, à la souffrance et nous interroge encore et encore sur notre fin de vie. 

Le suicide assisté est-il une bonne alternative ? Très hostile au départ à l’euthanasie, après une enquête poussée l’auteur en perçoit les points positifs. Plus personne, explique-t-elle, n’aurait à mourir seul, loin de sa famille, pour éviter les tracas légaux. Et les proches seraient présents, ce qui rendrait l’affaire moins dramatique. Soit. À chacun de confirmer ou d’infirmer dans le secret de son âme.  

On pleure avec Nikki, on croise les photos éblouissantes d’Elayn glissées entre les pages et l’on sait en tout cas avec certitude que l’on se trouve devant un grand texte, un peu comme celui de Joan Didion et son Année de la pensée magique,car Aprèssait manier l’intime et l’universel dans une geste pleine de grâce. 

Ariane Bois

Nikki Gemmell, Après, Au Diable Vauvert (janvier 2019), 331 pages, 22 €

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