Un poisson sur la lune de David Vann : Impair et père

De David Vann, on avait adoré le glaçant Sukkwan Island, où il explorait les profondeurs de l’âme humaine avec brio et narrait un autre épisode familial terrible. 

Dans ce nouvel opus, le surdoué de sa génération fait de nouveau trembler le lecteur et le manipule jusqu’au dernier mot. Nous faisons ainsi connaissance avec James Vann, le père de l’écrivain, qui ne croit plus à la vie. Malgré ses parents, ses deux enfants, son frère, il veut en finir, armé du Magnum qui ne le quitte jamais. 

Pourquoi ce désespoir insondable ?  

Au fil des pages, on en apprend davantage sur cet homme, on suit la progression de la dépression et on ressent les affres de sa famille, impuissante à l’apaiser. Est-ce que les siens trouveront les mots pour écarter le héros de son désir de mourir ? Chacun prend la parole à son tour, essayant de comprendre, d’analyser et surtout de tendre la main à celui qui paraît déjà si loin. 

David Vann possède un sens incroyable du récit allié à une connaissance très précise des mécanismes psychologiques qui régissent l’âme humaine. 

Entre réalité et fiction, on tremble pour cet homme qui ne tient plus qu’à un fil à la vie et on s’interroge sur ce qui rend chaque vie indispensable et irremplaçable. Un grand récit. 

Ariane Bois

David Vann, Un poisson sur la lune, Gallmeister, février 2019, 288 pages, 22,20 €

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